Sans même l’avoir jamais rencontré, on a un à priori très positif vis à vis de Tom Chapman. Déjà le type a l’air vraiment sympa, le style avec qui tu t’enfilerais des godets de houblon sans forcer, sa mère est française et surtout lorsqu’il a remplacé Peter Hook au sein de New Order, voici déjà deux ans, il a su adopter la meilleure attitude possible dans une telle situation: à la fois enthousiaste et révérencieux vis à vis de la musique et du statut du groupe. Un remplacement qui, à l’époque, ne devait être pour lui ni rassurant ni très facile. Profitant sans doute d’un instant de répit dans les tournées fort lucratives et exotiques de New Order des derniers mois et désireux de sortir ses propres compos au lieu de reprendre les notes de basse de l’un de ses plus prestigieux ainés, il a monté le projet Rubberbear avec son vieux pote Steve Trafford, ex-membre (comme environ la moitié de la ville de Manchester) d’un autre groupe mythique, The Fall. Tous les deux, ils nous ont concocté un petit trois titres disponible sur les plateformes numériques depuis début Avril.
« Streamroller » et « World of Moderninity » baignent tous les deux dans une ambiance electro-rock. « Steamroller » se distingue comme le plus nerveux des deux : couplets aux forts accents électroniques saupoudrés de phrases susurrées en français, voix passée au vocoder, tout en contraste avec l’aggressivité des guitares lors des refrains. Avec sa production pleine d’application et son chant un peu crâneur, la chanson possède le charme des hits brit-pop des années 90. Sur « World of Moderninity », le chant s’est ralenti pour faire le grand écart sur une rythmique électronique le plus souvent affolée. Le résultat apparait, cette fois-ci, un peu déséquilibré et trop velouté.
Quant à « Let’s Move Somewhere Else », il s’apparente à un de ces classiques pop comme seuls les rosbeefs savent les composer: une balade d’une douce langueur et extrêmement efficace, à l’atmosphère un brin songeuse, de celle que l’on se surprend parfois à chantonner pendant un court vague à l’âme, aux arrangements riches, comme une nouvelle preuve de la maîtrise technique des musiciens… La vidéo du morceau, à la fois toute simple, sobre, orthodoxe et urbaine, met en scène l’actrice anglaise Maxine Peake et décline une série de portraits d’habitants (ainsi que les deux membres du groupe) en surimpression sur des travellings latéraux de paysage comme autant de traces pleines de mélancolie du temps qui passe, de la disparition des souvenirs ou simplement du caractère éphémère des êtres. Un album et une tournée anglaise sont attendus en Automne.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.