Quand un « vieux tromblon », en l’occurrence Serge Scotto ( auteur de polars et de bd, ex batteur punk made in Marseille, papa du célèbre Chien Saucisse) et un jeune musicien new yorkais, Pierre Regensburger, s’associent, on peut dans ce cas bien précis parler d‘absolus spécialistes… Mais comment comprendre le sens de cette troublante désignation? Parce qu’au premier abord, il faut le reconnaitre, je suis troublé. Tout autant que si je découvrais au détour d’une rue, mal fichu et en terre étrangère, l’adresse du cabinet médical espéré, ouvert sans obligation de rendez vous, mais lisais sur la plaque de cuivre devant la porte : « spécialiste en médecine générale » … Il y a parfois des curiosités.
A priori la rencontre Scotto/ Regensburger est donc improbable, inattendue mais est-elle contre nature? C’est dans l’inattendu que se révèlent nos compétences adaptatives … Reste ainsi à entendre ce que donne vraiment ce projet d’electro pop home made. Comment sonne, mis en notes et mesures, l’univers d’un artiste polymorphe qu’on a souvent connu « choc » voire trash et celui d’un jeune musicien moderne, instruit et de formation classique, à la personnalité possiblement plus nuancée? Alors qu’on se rassure! Les influences perçues sont très larges, du punk au jazz, en passant par le classique et la pop. Il y a du DIY là-dedans, évidemment, mais l’inspiration du groupe/duo couvre des décennies et deux continents, du rock alternatif français des années 80 à la pop californienne des Maroon 5. Les mélodies et les séquences sont léchées et les textes, mêlant anglais et français sur certains refrains, ont de fait une petite touche chic et élégante bien qu’un peu désuète dans un monde où règne l’affirmation péremptoire. Des signes, quoi qu’il en soit, d’une volonté de sérieux, de délicatesse et non d’une farce orchestrée par celui qui en fût un grand …heu…spécialiste. Bref, Scotto a oublié sa provoc punk gnostique et Regensburger est un mélodiste qui sait construire un titre. Il s’agit bien de musique.
Looking For The Sexy Note, premier lp du duo vient de sortir. L’album est un programme fun et ludique, non exempt d’une vision romantique de ce bas monde où les spécialistes sont nombreux, nous le savons, mais finissent parfois par tout couper en morceaux trop épars pour que nous y comprenions encore quelque chose. Le Tout se perd dans le détail. Entre macrocosme et microcosme que vaut-il mieux? Les spécialistes absolus pourraient y répondre via leur quête sexy…
NB : Serge Scotto est collaborateur ponctuel de Dark Globe.fr Lien dernier article ( illustration par Serge Scotto)
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.