Troisième concert dans la capitale en tout juste un peu plus d’un an, Wild Nothing apprécie Paris. Et la réciproque est vraie puisque malgré une programmation précédant la rentrée musicale, le Point Ephémère affichait complet le jeudi 25 Août 2011. Ce soir là, le public de la salle parisienne s’étire entre indie-popeux traînant leur quarantaine comme un boulet rempli de nostalgie et groupies twenties affolées par Jack Tatum, Wild Nothingien en chef accompagné de son look de timide rêveur à composer des poèmes au fond de la classe.
Peu d’attente avant l’arrivée de la première partie: les Caandides, groupe de cinq jeunots qui semblent tout droits sortis d’un lycée du 16ème. Entre deux trois vannes pas très originales ni même drôles parmi les spectateurs sur l’âge des musiciens, le set s’articule autour de morceaux hétéroclites dans lesquels Pink Floyd semble s’accoupler avec une pop fusion et intellectualisée. Le résultat, loin d’être désagréable, ressemble néanmoins plutôt au jeu d’une équipe de joueurs espoirs particulièrement doués, faisant admirer leur technique au lieu de tirer simplement au but lorsque l’occasion s’en fait sentir.
Après un rapide changement d’instruments effectué par les musiciens eux-mêmes, Wild Nothing débarque sous forme de quatuor. Aux premiers accords de « Our Composition Book », l’univers de Jack Tatum est parfaitement identifiable, révélant un espace déjà familier découvert avec Gemini. Entre références musicales nineties, romantisme onirique et mélodies entraînantes, le mélange démontre, si cela est encore vraiment nécessaire, qu’en live aussi, Wild Nothing est sans doute l’un des plus dignes représentants actuels de ce qu’il est convenu d’appeler Dream Pop. Sur scène, la musique est, comme on l’attendait, à l’image du bonhomme: réservée, a la fois intime, et à fleur de peau. Le set présente un bel équilibre entre les titres de l’album et ceux de l’EP Eventide, offre deux nouveaux morceaux (« Centuries » et « Dead ») pour finir avec un court rappel sous la forme d’un « Golden Haze » attendu et réclamé par une bonne partie du public.
Peu importe finalement que les capacités vocales de Tatum ne soient parfois pas à la hauteur, que les visuels diffusés soient à la fois trop discrets mais surtout peu originaux et sans intérêt, que certains morceaux et pas des moindres pâtissent plus que d’autres de l’absence de production propre à l’album (un « Chinatown » qui malgré sa rythmique surf 60’s sortie pour l’occasion laisse sur sa faim et semble expédié à la va-vite) ; tout cela ne remet finalement pas en question la qualité et le charme de la prestation dans son ensemble. Puisque l’essentiel se trouve ailleurs: dans ce territoire musical d’abandon mélancolique tout en sensibilité partagé entre Wild Nothing et le public, environnement aussi précieux qu’il est rare.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.