Alors évidemment, si j’étais moins fainéant, j’aurais écrit sur mon coup de foudre inconsidéré pour Du rivage, le second album des lillois de Weekend Affair; la légèreté faussement prétentieuse de ce disque, son humour pince-sans-rire, cette esthétique générale (visuelle et musicale) d’hipsters glandeurs et désinvoltes. Si cette chronique avait existé, j’aurais aussi très certainement insisté sur la particulièrement délicieuse conclusion bicéphale du disque: un « Duel » en forme de faux jumeaux electro pop .
Illustrer « Duel Part 2 », finalement sans doute le plus beau morceau de l’album, par des images tirées d’un film de Bollywood pourrait ainsi être considéré comme une volonté supplémentaire pour Weekend Affair de s’installer dans cette imagerie de poseurs moqueurs et intellos. Car dans ce montage, preuve d’un second degré permanent chez les bonhommes, on retrouve jusqu’à l’usure tous les poncifs de ce cinéma: chorégraphie excessive, ralentis catastrophiques, humour poussif, échanges de regards en gros plans furieusement appuyés, ventilateurs soufflant tout leur jus dans des coupes de cheveux sentant bon la laque des années 80, effets de lumières dignes des pires téléfilms de cette même décennie jusqu’à un clin d’oeil bien grossier au Titanic de Cameron… Et pourtant. En rajoutant une synchronisation labiale totalement défaillante au romantisme absolu des paroles du morceau, en appuyant celle-ci par des sous-titres, l’association des images, paroles et textes amène bien un sourire mais plus pour rappeler une naiveté retrouvée, rafraichissante et lumineuse qu’un foutage de gueule généralisé et irrespectueux.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.