We See Hawks, dont nous avons déjà parlé pour leur premier album Leaving The Forest Behind (2023), sont ajacciens et bastiais. A première écoute on ne le croirait pas. Loin des rivages corses, les influences de Dominique Tomasi et Hervé Vincenti (auteurs et compositeurs) viennent des USA (de Dylan jusqu’à Eels ou The National), tout en véhiculant les échos d’une new wave anglaise retrouvée parmi les premiers intérêts musicaux du duo. Extrait d’un second lp à paraître , « New Empire » se présente différemment des compositions qui l’ont précédé, et c’est ce qui interpelle. Le ton est « plutôt sombre » selon les mots du bassiste et chanteur, Dominique Tomasi, « moins contemplatif […] et dans la grande tradition d’un rock désabusé mais menaçant sous la surface » . Certes, mais j’ai pourtant entendu des titres bien plus menaçants…
Car il y a, de facto, une forme d’échappée très perceptible, une issue, un dépassement dans cette nouvelle proposition Tomasi/Vincenti, qui laisserait percer une lumière – pas franchement visible dans le clip, il est vrai – que je qualifierais alors de « lumière sonore ». Laquelle, à l’écoute de « New Empire » semble beaucoup plus chaude que ce qui nous fût donné d’entendre sur Leaving The Forest Behind. Le mixage est abordé sous un autre angle, signe de mouvement. Ce que nous entendons c’est une basse qui rebondit, mixée très en avant, appuyée sur une batterie plus présente et nettement tactile et organique. On note les guitares de Vincenti qui peuvent se faire rauques et varier les registres – ce que nous savions, mais qui est évident ici -, ainsi que les liaisons jouées par un orgue référencé Hammond qui nous emmènent, l’une et l’autre , dans ce « New Empire ».
Si je tente de résumer mon impression, je me risquerais à écrire qu’il y a du folk et de l’électrique dans ce titre avec quelque chose de californien, dans le sens – pourquoi pas – où la Californie fût désirée et perçue comme un Eldorado possible pour les pionniers du XIXeme siècle. Jetez un œil à vos westerns favoris, les illustrations foisonnent. Ainsi Tomasi nous chante t-il: « I still haven’t found my new desire…so now I’m gonna find a new empire! » . Puis ajoute: « But I will be for you the great intruder » . Cette phrase en guise de conclusion, le chanteur se percevant curieusement comme « un intrus dans la chaleur de la nuit« … Je ne sais pas, ce qu’il en est en ce domaine? Ni à qui il s’adresse ni, in fine, de quelle nature est son empire?Mes westerns favoris sont The River of No Return et Pat Garrett et Billy The Kid, les scénarios ne collent pas au schéma. Il n’y fait pas tellement chaud et nul n’atteint le territoire promis.
Titre (provisoire) du futur LP : The Green Sprawl . L’étalement vert? L’étendue du vert? Je vous laisse apprécier.
Sur scène Tomasi/Vincenti sont accompagnés de Nabil Morris (guitare) et de Jean-Antoine Péraldi (batterie)
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.