Mercredi 19 mars, le Karaoké Moon Tour de Warhaus s’est arrêté à l’Olympia, « that fucking Olympia » dira Marteen Develdere le néerlandophone, fier de succéder sur cette scène aux grands romantiques français. Une foule dense s’est pressée dans la salle mythique pour assister au récital du dandy flamand et de sa bande. Pour vous remémorer qui est Warhaus, je vous renvoie, si besoin, vers ma chronique du dernier album en date du groupe belge.
Dans le cadre d’une longue tournée européenne, Warhaus était la veille à Amsterdam, au Théâtre Royal Carré et le lendemain, il sera au Gloria de Cologne. Mais ce soir, c’est un Olympia plein à craquer qui l’attend, prêt à s’enflammer. Dans la salle, des anglais, des belges, des néerlandais et des français pionniers, parlant tous le Warhaus, cette langue musicale encore trop peu connue en France…

En ouverture, Effje De Visser, artiste néerlandaise basée en Belgique, « à 300 mètres de chez Marteen » nous confie-t-elle. Inviter une voisine chanteuse pour sa 1ère partie, c’est tout l’esprit hippy bohème de Warhaus !
Puis vient le groupe. Marteen Devoldere est en costume clair à pantalon pattes d’eph, chemise sombre : le ton est donné. Car chez Warhaus tout est décalé, Marteen Devoldere est d’un autre temps, avec sa musique et son élégance, sa gestuelle tout en décontraction et en nonchalance.
La formation est au top, quatre musiciens soudés derrière leur leader, tantôt implacables dans des boucles entêtantes, tantôt solistes, souvent choristes. Tous impeccables, tout particulièrement Tijs Delbeke à la guitare et le multi-instrumentiste Jasper Maekelberg aux claviers, au trombone et au violon. Un décor minimaliste qui laisse libre court au light show -superbe- pour habiller la scène, des mélodies en rupture, des harmonies dansantes qui chaloupent avant de muter en mélodies déjantées pour des versions ébouriffantes… Bref un très grand show ! Et en maître de cérémonie, Marteen, tantôt crooner, chanteur de charme nous entraînant dans sa poésie mélancolique, tantôt prêcheur à la Nick Cave (notamment sur une version époustouflante de « Hands of a clock »), tantôt maître-chanteur pour amener l’Olympia à former un chœur d’excellence.
On peut regretter la durée trop courte du concert, à peine 1h30 rappels inclus, ainsi que le fait de ne pas avoir puisé dans ses deux premiers albums, mais le set est sans temps mort et cette tournée internationale ne fait que commencer ! (« faut se préserver si l’on veut durer » comme le chantait Bashung, sans doute avec un peu d’ironie et de second degré)…
Le set commence et d’abord il y a « Time Bomb » (extrait de l’album précédent Ha Ha Heartbreak ). Et puis « Zero One Code » et « The Winning Numbers » (extraits du dernier opus Karaoké Moon ), titres à la rythmique d’abord syncopée, puis distordue et devenant inquiétante. Quand Marteen nous annonce le dernier titre du set, il s’agit du single « Where the names are real ». Son interprétation sera proprement hypnotique et fusionnelle avec le public ! L’Olympia danse, chaloupe et chavire !
Cette communion avec ses fans, Marteen la renforce encore pendant le temps des rappels où il descend dans la fosse, au milieu des spectateurs. Juché sur une caisse le chanteur et front man entame une séance de karaoké avec le public de l’Olympia sur « Aline » de Christophe. Le chant est dans un français quasi parfait, toute velléité de résistance est abolie, l’Olympia est acquis à la cause Warhaus ! Le moment de communion est intense avant d’attaquer cette dernière partie du concert qui se termine sur « Open Window », titre emblématique issu du précédent album. Dernières embardées musicales et dernier chorus sur la scène du boulevard des Capucines ; le final a capella -« for glory of love » dixit Marteen- sonne comme un hommage à Edith Piaf. Histoire de filiation d’un grand romantique à l’âme mélancolique.

Un dernier « au revoir Paris », un salut du groupe et puis les lumières se rallument, nous laissant seuls sur une version de « Can’t Help Falling In Love » d’Elvis Presley. Le public quitte la salle le sourire aux lèvres, en chantonnant « falling in love with you »… La magie Warhaus a frappé (« tu m’as conquis, j’t’adore »), les roadies s’agitent sur scène, la caravane de Marteen peut poursuivre sa route à travers l’Europe.
Photos DG/ Video par Live to Love Music Do Riane

J’ai grandi à l’aire des dauphines, jeune scélérat sans roi. Adolescent, une voix à la radio m’a soufflé « Je fume pour oublier… » et a éveillé ma curiosité musicale jusqu’à l’envie. Balayés le disco et ses paillettes, le noir était de mise et resterait ma livrée. Toujours pas dynamité d’aqueduc, à peine dressé quelques loulous… J’aime la musique qui ose et les voix qui en imposent. Et que ne durent…