Dans tous les lycées, il y a toujours ce groupe de personnes que le reste de l’école jalouse secrètement parce qu’ils ont l’air juste désespérément plus cools que tout le monde. Et lorsque j’écris « tout le monde », je t’inclue toi aussi ami lecteur. Avec leur aptitude à faire monter la hype parisienne en moins d’un an avec sous le bras leur EP intitulé Deaf Hearts aux sonorités shoegaze à fond les ballons, les quatre jeunots de Venera 4, quatuor parfaitement mixte (deux gars, deux filles), feraient indiscutablement partie de cette élite à la fois passablement énervante et fascinante.
Sur ce disque, et sans avoir l’air d’y toucher, les Venera 4 prouvent qu’ils ont déjà tout compris, tout assimilé, tout régurgité des amours noisy de grand papa: les fulgurances pop cachées sous des couches de guitare de ¨Deaf Heartbeats », les tourbillons hypnotiques de saturation de « Home », la production d’un bloc sur « Ash & Gray », ces trébuchements presque dansants programmés sur boîte à rythmes sur « Blood » avant de conclure sur « Haunted Summer »; le morceau de bravoure, celui qui traine les pieds pendant plus de neuf minutes, serre les poings dans les poches en affichant un air boudeur. D’ailleurs, à les entendre faire le tour de la question stylistique aussi facilement et rapidement, en uniquement cinq morceaux, on ne peut pas s’empêcher de se demander à quoi ressemblera leur futur album prévu l’an prochain.
Mais ce qui rend Venera 4 particulièrement séduisant, en comparaison du tout venant du revival shoegaze actuel, c’est ce souffle de classe et d’élégance, cette sensualité sous-jacente qui fait vibrer les compositions, ces guitares saturées comme des coups de griffes sur l’échine, épaulées par la voix à la fois crâneuse, distante et carrément sexy de Morgane, la chanteuse du groupe. Ces sonorités sont de plus illustrées par une esthétique visuelle déjà très assurée, complétée par un soupçon d’esbroufe artistique (les morceaux du EP sont supposés représenter chacun une couleur… Mouais) renforçant ce cachet de maîtrise évoqué plus haut. Avec ces simples mais raffinés atouts, plus rien n’empêche désormais les Venera 4 de dévorer les rosbeefs sur leur propre terrain de jeu. Jouissif.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.