Tony Truant ou Antoine Masy Perier pour l’état civil, soit officiellement le même homme – mais peut-être pas complètement selon les heures -, publie un nouvel album et Dark Globe est tout à fait heureux d’accompagner cette honnête sortie! Le lecteur attentif et musicologue se souvient forcément des colonnes déjà rédigées sur nos pages virtuelles, narrant les hauts faits de l’endiablé, entamés de longue date, depuis ses années en chien libre chez les DOGS devenus, depuis, aussi légendaires que mythiques.
With Pleasure est un ep six titres vitaminé et coloré, à l’instar de sa pochette figuration libre. On y retrouve l’univers musical caractéristique du bandit tonique et au grand cœur. Soit des couleurs country-folk, blues et rock.
Organisée à l’ancienne, en deux faces bien distinctes, la galette vinyle diffusée par Gonzai Records, présente une face A concoctée en Louisiane à la Nouvelle Orléans. On y retrouve les musiciens de CC Adcock, figure de la country US et, non sans fierté, le label précise que seuls Robert Plant (Led Zep) et notre Antoine hexagonal (ou plus si affinités) ont enregistré avec le super groupe aux bottes plantées dans le delta du Mississippi. On en conclura ce qu’on voudra le Lil’Band O’Gold alliant quoiqu’il en soit pittoresque, classe vintage et virtuosité.
Sur son plaisir à jouer avec ces musiciens hors cadre, Antoine s’était exprimé lors de notre interview réalisée en Avril 2014. La chose est désormais actée avec ces trois titres gravés dans les noirs sillons. Ils chantent l’amour des guitares – comme Tino en chanta le son, mais pas exactement le même – sur un « James Trussart (Tout l’or du monde pour sa guitare en fer) ». Les tonalités sont ensuite de saison qui évoquent rivages languedociens et île sétoise (fief de Tony): « Allons danser le Lafa-Sète », « Quand l’été revient ». Tout cela, on s’en doute, est faussement badin, mais franchement tonifiant. Trois chansons qui si elles ne se situent pas à contre-courant des tendances actuelles, sont du moins résistantes, pour ne pas dire fondamentales.
Plus tendue la deuxième face de With Pleasure est le résultat de sessions parisiennes avec ses musiciens d’accompagnement. Notons qu’à l’instar de Chuck Berry et ses orchestres variables, notre Antoine dirige, en petit caporal à chapeau, des Solutions, dont la formule varie, selon qu’il se plaise méditerranéen ou plus septentrional.
« Dans les bras de papa » est une curiosité ; « Esprits de suspicion » (reprise et adaptation du titre de Mark James, immortalisée par le King en 1969) est plus sombre et on y perçoit l’ombre des regrets. « Tous mes amis sont morts », punchy, (paru une première fois il y a quelques années) est d’une mélancolie aussi redoutable que son humour est froid.
Sur cet opus quasi estival mais qui pourrait aussi craindre un coup de chaud, les ombres de Presley et des maitres pionniers de la six cordes planent. Militant d’une musique aux racines bien ancrées, Tony revendique ses influences saisies aux grandes heures des fifties et sixties et rend aux Césars de son panthéon ce qui leur appartient. Il faudra songer de notre côté à lui rendre aussi hommage un jour. Maximum Booga Wooga!
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.