Groupe de hard rock Irlandais, Thin Lizzy, combo dublinois mené par le flamboyant Phil Lynott, a une histoire particulière dans le monde du rock. Ils débutent leur parcours en 1970 avec un album folk aux accents celtiques ( le très confidentiel album éponyme, vendu à l’époque à 2000 exemplaires ), pour finir en 1983 avec le très énergique Thunder and Lightning qui flirte parfois avec le métal . Une discographie qui comporte treize albums avec en 1974 un album charnière, leur quatrième, intitulé Night Life .
L’année 1974 est une année délicate pour Thin Lizzy. Leur troisième opus The vagabond of the western world * ne s’est guère plus vendu que les deux précédents, et ce malgré l’incroyable reprise d’une vieille chanson irlandaise « Whisky in the Jar », que le guitariste Eric Bell électrifie avec bonheur. Alors comment expliquer ces échecs commerciaux? Trop celtique, trop folk, trop mélancolique, bref, trop Irlandais ! Il faut s’américaniser si on veut sortir de sa tourbe. Alors Lynott, leader, chanteur, buveur, compositeur, change de braquet. Eric Bell, guitariste démissionnaire, est remplacé par le californien Scott Gorham et un jeune écossais ombrageux Brian Robertson. Un vieil ami de Lynott, Gary Moore, viendra même faire le solo sur la ballade « Still in love with you ». Pour le coup, le batteur du groupe Brian Downey qui était sur le départ, décide de participer à ce quatrième enregistrement. Cette nouvelle architecture va permettre au groupe de sortir du cadre folk celtique pour s’aventurer sur des terres plus américaines, avec des consonnances blues, funky et même soul ( le rock restant bien sûr la colonne vertébrale des dublinois ).
Le trait de génie de cet album est l’orchestration, que les grincheux trouveront kitch, mais qui pourtant donne à certains morceaux une amplitude remarquable. Il en va ainsi de « Night Life » qui oscille entre blues tamisé et rythme funky. Idem pour « Dear Heart », balade où les cordes accentuent l’ambiance mélancolique. L’utilisation du piano dans « Frankie Caroll » sublime l’extraordinaire voix grave de Lynott. Bien évidemment, une bonne orchestration s’accompagne de chœurs comme dans « Showdown » , morceau très cinématographique qui nous plonge dans le New-York des années 70. Et que dire de la ballade aux accents soul « Still in love with you » signée par Gary Moore, chantée en duo avec Franckie Miller, où les solos de guitare vous perforent l’estomac ! Ce titre d’ailleurs deviendra un classique du groupe …
« She knows » qui ouvre l’album , comme « Philoména » sont très mélodiques, très entrainantes, entêtantes … Elles nous prouvent le génie d’écriture de Lynott, auteur-compositeur pluriel. Mais on trouve aussi des morceaux plus punchies qui annoncent le Thin Lizzy à venir. Le très accrocheur et agressif « It’s only money », « Sha la la » sur lequel le batteur, dans le pur style des années 70, nous gratifie d’un solo !
Album hybride , Night Life fait preuve d’une grande originalité en butinant dans des styles très différents comme le blues, le funk, la soul, le hard rock …. Mais aussi par l’utilisation de cordes, ce qui n’est pas forcément très courant pour un groupe de rock ( si cet album vous plait, alors il faut impérativement écouter les deux albums solo de Lynott, où l’on retrouve ce type d’influences ). Mais c’est le sillon hard-rock que les irlandais vont cultiver dans les albums qui suivront. Ce qui les fera connaître d’un public beaucoup plus élargi et va asseoir leur notoriété. Un hard rock très mélodique, mélancolique parfois … Comme une chanson folklorique Irlandaise …
(* Clin d’oeil à Le balladin du Monde Occidental (1907), titre d’une célèbre pièce de l’écrivain irlandais John Millington Synge -ndlr)
Photo Thin Lizzy: Northern Ireland Historical
Je voulais être David Gilmour ou rédacteur à Dark Globe… J’ ai finalement choisi la seconde option!