C’était le concert de la rentrée au Sonic, annoncé relativement tardivement (début juin, pour un peu on serait parti en vacances sans avoir eu vent de la nouvelle dis donc) tout d’abord au CCO pour être finalement déplacé sur la péniche : The Warlocks, figure aussi maudite qu’emblématique d’un rock psyché / garage US au cotés du Brian Jonestown Massacre, s’arrêtait à Lyon lors d’un tournée européenne pour présenter l’album Skull Worship, sorti fin 2013 et supposé redonner un souffle de vie au groupe. Qu’on se rassure : la bête noire de Pitchfork respire encore, et elle est loin d’être à l’agonie.
C’est un jeune groupe de Manchester qui accompagne le quintet californien sur sa tournée et a le lourd privilège d’ouvrir la soirée, Brahma-Loka. J’ai appris à me méfier un peu des groupes aux noms à consonance « spirituelle » (ou ici, bouddhiste), souvent porteurs de clichés bien lourds et prisonniers de l’image qu’imprime leur patronyme dans les esprits avant même qu’on ait écouté la moindre de leurs notes. Mais avec ce jeune quatuor pourtant, pas d’effet de style malvenu ni de visuel saturé en couleurs (l’éclairage rouge monochrome typique du Sonic ne lui aurait de toute façon pas fait honneur) : les britanniques jouent un rock efficace, alternant subtilement longues envolées sonores, refrains salés au groove et passages flirtant avec une pop psychédélique bien en phase avec le thème général de la soirée. Très bonne surprise donc, confirmée par le 4 titres que j’ai récupéré par la suite et que vous pouvez écouter ici.
[youtube]AWzuMaUxVH4[/youtube]
Quand Hecksher et sa troupe montent sur scène et entonnent « Red Camera » (bien collés les uns aux autres – ils sont cinq, et les pedalboards prennent une place consistante sur le peu de plancher qui les sépare encore d’une fosse remplie à ras bords), c’est une déferlante sonore qui nous submerge. On connaissait déjà bien le son des Warlocks, on savait pourtant à quoi s’attendre – mais l’harmonie, aussi grâcieuse que pénetrante, construite par l’enchevêtrement des strates de fuzz inspire véritablement le respect. Concentré, peu souriant mais content de jouer – il le répètera plusieurs fois – Bobby montre un visage loin de celui qu’on lui prêtait, sombre et neurasthénique : il s’adresse au public avec simplicité et bienveillance, accède généreusement à la demande que je lui ai formulé un peu plus tôt sur le pont supérieur en épinglant « Surgery » sur leur setlist – « chose qu’ils ne font pas habituellement », ajoutera t’il.
Morceau après morceau, on se laisse hypotiser par le son des amplis : les Warlocks jouent, et ils jouen bien ! C’est carré, précis, tout juste assez flottant pour qu’on apprécie le show à sa juste valeur. Pendant ce temps, la chaleur augmente, jusqu’à devenir difficilement supportable pour les musiciens (cela nous coûtera quelques morceaux sans doute, le batteur exténué coupant court aux négociations au terme du set).
Piochant dans tout son répertoire, les cinq Warlocks font monter la sauce, progressivement, dérivant du mid-tempo vers un garage rock rythmé pour finir en apothéose bruitiste et saturée qui, envoloppée par la chaleur ambiante, achèvera d’étourdir les quelques cent-trente privilégiés qui avaient réservé leur place (le concert affichait complet). La saison concert commence sous de bonnes augures.
[youtube]ESz-TqJnYcc[/youtube]
Quelques extraits en ‘bonus’ avec une seule cam, un son et une image de moins bonne qualité ici.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).