S’il fallait retenir une formule toute faite à propos de The Twilight Sad – jeune quatuor de Glasgow mené par James Graham, frontman à l’accent scottish surprononcé – on pourrait dire que cette formation n’a pas perdu son temps. Car si The Twilight Sad a, paraît-il, choisi de contourner les us et coutûmes locales – qui consistent vaguement à engranger un maximum de concerts afin de se faire remarquer (comme l’avait fait Idlewild en son temps) – pour préférer s’enfermer en studio et pondre un premier disque appliqué, non moins spontané, décomplexé et farouchement enthousiaste, on ne peut que les en féliciter…
Il faut le dire, même si ça fait mal, la formule selon laquelle « le post-rock, c’est has-been » commence parfois à se vérifier. Les figures emblématiques de ce mouvement, GY!BE et Explosions in the Sky, s’il ne fallait citer qu’eux, sont « out of office » pour les premiers et commencent quelque peu à tourner en rond pour les seconds. Mais là où la chose devient intéressante, c’est qu’on voit ça et là des groupes émerger en reprenant les composantes musicales du post (murs de sons, nappes brumeuses et répétitives, guitares plombées de delay et de reverb) pour les assortir à des structures différentes, plus conventionnelles, peut-être plus radio-friendly, au sens non-péjoratif du terme. Les anglais de iLiKETRAiNS ont réalisé cet exercice à merveille sur leurs deux premiers disques, et The Twilight Sad, dans un style différent, transforme l’essai de manière tout aussi esthétique.
Fourteen autumns and fifteen winters est un album régulier: les titres durent tous plus ou moins cinq minutes, et s’enchaînent subtilement. Innovants, les écossais incorporent aussi des instruments atypiques, comme sur Last year’s rain didn’t fall quite so hard et son final à l’accordéon, que l’on peut aussi entendre sur plusieurs autres titres dont I’m taking the train home. Et si bien sur l’écriture et l’orchestration n’est pas exempte de références (on pense au piliers du Shoegazing – My Bloody Valentine en tête – ou encore à Arcade Fire pour cette espèce d’engagement physique qu’on peut ressentir à l’écoute du disque) il y a ce coté mélodique et mélancolique dans la musique de The Twilight Sad, et dans la voix de James, qui les rend simplement irrésistibles: en sont pour témoins And she would darken the memory, ou encore le sublime Mapped with what surrounded them.
The Twilight Sad a su trouver tous les « justes milieux » pour donner naissance à un premier album étonnemment abouti et juste enthousiasmant.
Que dire de plus sinon qu’on attend avec impatience de pouvoir déguster ça sur scène…
Le titre d’ouverture est a télécharger gratuitement chez Pitchfork ici.
En écoute: « I’m Taking the Train Home »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/TheTwilightSad_ImTakingTheTrainHome.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).