Formés à la fin des années 1980, contraints de jeter l’éponge au début des années 1990 après avoir été trop vite présentés comme « the next big thing », les anglais de The Suncharms ont longtemps hiberné avec pour toute discographie une Peel session et une paire de singles en guise de bagages. Autant le dire, on aurait pu tout à fait les oublier puis les perdre, dans ce grand mouvement permanent des groupes rock qui naissent et disparaissent.
Représentants outsiders du shoegaze ou de la dream-pop, les deux catégories se complétent, les musiciens de Sheffield menés par le chanteur Marcus Palmer, ont pourtant repris du service actif au mitan des années 2010. Pas rancuniers pour deux sous, ce ne sont plus des teenagers mais des hommes mûrs qui sortent en 2020 le ep « Mirror Lake », puis l’album Distant Lights, paru sur le label de l’Illinois Sunday Records. C’est à dire bien loin des terres anglaises, mais nul n’est prophète dans son pays?
Avec Things Lost que le groupe publie ce mois – toujours sur Sunday Records- , The Suncharms poursuivent dans le même chemin musical qualitatif où nous les avions retrouvés voici deux ans. Musicalement la ligne esthétique est restée fidèle à l’idée qu’on gardait du groupe, dans une famille indé où on mettra sans hésiter The Field Mice et The Orchids, deux formations proches des cinq musiciens du Yorkshire. Sur ce nouvel album dont la pochette représente, par une peinture de belle facture, une mer et un ciel agités, les titres « Satanic Rites » et « Demonic Eyes » retiennent l’attention en première écoute. « Whitby » ainsi que « Daylight is Here » paraissent ensuite tout bonnement éclatants de beauté. A la fin de la toute dernière piste, on se dit qu’il y a des retours bienvenus et que toute sortie du hit parade ne serait donc pas définitive? Marcus Palmer et ses quatre compagnons, quinquagénaires aguerris et résilients, en sont une preuve vivante.
Things Lost | The Suncharms | Sunday Records (bandcamp.com)
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.