Est-ce dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures ?
Très honnêtement, je n’avais pas une envie irrésistible de parler du nouvel album des menhirs du rock, The Rolling Stones Hackney Diamonds, ce que je ne vais pas vraiment faire, mais le tapage interplanétaire autour de cet évènement m’a interpelé, énervé voir consterné. Peut-être fallait-il oublier l’espace d’un instant que le monde est comme le Titanic en train de sombrer, et que les derniers musiciens à jouer sur le pont seraient ceux de cette bande d’octogénaires, en tous cas pour Mick Jagger et très bientôt pour Keith Richards. Après eux le déluge ? Quel est donc ce phénomène ? Abrutissement de masse, lobotomisation, déni caractérisé, je ne sais pas. Ahah oui bien sûr…l’histoire du rock ! Toujours est-il que c’est ce système de marketing triomphant sur l’autel de notre dévotion imbécile, qui a tout dévasté sur son passage, pendant un temps du moins, qui me gonfle au plus haut point.
Alors, depuis quelques jours, j’adore lire les commentaires sur le dernier Rolling Stones où les « pour et les contre » s’affrontent. La musique est devenue un sujet totalement clivant maintenant…comme n’importe quel sujet en fait. Et si on rassemblait tout le monde dans la même pièce, ce serait la guerre civile, une guerre de chapelles (du rock) du moins, nous en sommes presque là. Donc, pour les uns, si tu aimes le dernier Rolling Stones, c’est que tu es un vieux con passéiste (ceci dit…non rien) …et pour les autres si tu ne l’aimes pas, tu es un crétin qui n’a rien pigé au Rock’n’roll. Ahahahahahah ! Que cette bonne blague revêt un parfum de déjà entendu depuis fort longtemps ! L’argument du fan touché dans son orgueil. Cependant, tout ceci ne dispense pas d’écrire de bonnes chansons, c’est ça l’important. Le « pas trop mal » est l’ennemi du bien…et en plus, avoir un son qui lorgne vers les productions à la Duran Duran (ce qui marche bien pour ces derniers) ou n’importe quelle « chanteuse de R&B », pour faire croire qu’on est le nouveau cador dont tout le monde a (encore) besoin, est une erreur gigantesque !
Ayant donc cassé du sucre sur le dos de leur producteur du moment, Andrew Watt, j’ai tout de même écouté une partie de son travail. Le rock critique est consciencieux. Le moins qu’on puisse dire c’est que le monsieur a déjà un joli bagage. Ozzy Osbourne, Blink 182, Miley Cyrus, Dua Lipa et le superbe dernier album d’Iggy Pop, Every Loser, sorti au début de l’année, que je conseille évidemment. Serais-je alors un petit peu de mauvaise foi ? Vouiiii et en plus cela m’amuse, mais sérieusement il faut simplement avoir écouté cet album ! Comme aurait pu le dire Salvatore dans Le Nom de la Rose, questionné vigoureusement par l’inquisiteur : « I tried, I tried, I tried señor bellissimo, I tried ». Je l’ai écouté, plusieurs fois, oui, oui c’est vrai, pourtant je n’y arrive pas vraiment. C’est dommage car il y a des choses qui se tiennent (en étant limite langue de bois), mais à la fin je n’en retiens pas grand-chose, justement. C’est un fait. Si ce genre de son fonctionne plutôt bien avec Iggy ou Ozzy, je trouve qu’il ne convient pas ou si peu aux Stones. Notamment sur les batteries punchy, à l’exception de « Live by the sword », enregistrée avec Charlie Watts, qui n’était pas un bucheron. J’ai même esquissé un sourire, entendant Mick Jagger nous annoncer en interview qu’il y avait une chanson punk avec Paul McCartney à la basse : « Bite my Head Off ». C’est amusant de l’entendre lorgner vers Johnny Rotten, dans cette chanson qui rappelle vaguement « Liar » des Sex Pistols. Car après tout, pourquoi pas ?
Pour le reste c’est du Stones peu inspiré, convenu, dont le message subliminal final est de les faire passer pour des jeunes et que le Whocanwholl est éternel… d’accord pour la fin de l’argument. C’est peut-être ça le hic, en fin de compte. Si ce n’était pas les Stones, est-ce qu’on parlerait de cet album à grand renfort de trompettes ? Et puis il y a cette pochette. Un graphiste a été payé pour ça ? Mon pote Terry aurait certainement fait la gueule si je lui avais proposé un tel visuel pour son nouvel album…mais c’est une autre histoire. Après tout ce tapage mondial, cet évènement interplanétaire dont tout le monde a parlé (enfin les civilisés), télés, radios, journaux, parce qu’il y a un nouveau disque après dix-huit années de silence en studio…Tout ça parce que les Stones seraient « l’Histoire du Rock » ou qu’ils le sont, et encore en vie (pour certains), il faudrait se prosterner devant le nouvel opus? Non! En revanche, immense respect et merci pour tout, OUI. D’ailleurs il est presque certain qu’on ne verra plus jamais de carrière légendaire de ce type, même si d’autres groupes qui les suivent ont aussi à faire valoir une carrière de légende, pour d’autres raisons. Aujourd’hui, le business dont le seul objectif est de faire du fric le plus rapidement possible, n’a que faire de la culture musicale. En l’espèce, c’est du pain béni pour la machine à pognon, leur nom parle. Dans ce cas, une question me taraude l’esprit : la longévité serait-elle à coup sûr synonyme de talent ou l’inverse au choix ? Allez hop, vous avez quatre heures !
S’il y a au moins une chose dont je suis convaincu, c’est qu’à chaque fois que je vais en concert, je ressens ce truc appelé Rock’n’roll qui me remue les tripes, qu’elle que soit l’apparence de ses disciples et dieu sait s’il y en a. Il est simplement dommage que certains cloitrés dans leur tour, pensent encore que le rock ne doive ressembler qu’à ça. Alors qu’il a su se multiplier et muer au fil des années. Au passage, je viens de me rappeler que les Beatles avec Georges Martin, ont inventé le son de la pop, qui s’est nourri du rock et vice versa et ont révolutionné des générations de musiciens, de producteurs ou autres mélomanes, pour engendrer des courants musicaux essentiels aux cinquante dernières années…Huummmfff…C’est encore une histoire ou peut-être la même en fait. Une autre source de conflit ? Pas grave, celui-là ne tue personne.
En guise de conclusion à mes railleries de rocker solitaire, il parait que les diamants sont éternels ? Là j’en doute. Allez, salut maintenant.
photo RS par Marc Seliger
« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «
Thug oliver
Comment dire …., belle admiration de ma part pour ta chronique.bravo!
Olivier Davantès
Merci Oliver!