Une fois n’est pas coutume, l’appel du printemps qui pointe son nez et des terrasses ensoleillées a encore une fois été plus fort que celui du clavier, et j’ai donc quatre jours de retard sur mon compte rendu – mais je vous l’accorde, il faut bien trouver quelque utilité à ces photos et ces petites vidéos… C’était donc jeudi dernier, le dernier jour du mois de mars, que le Trans-Club (alias la « petite » salle du Transbordeur, comme on l’appelle officieusement – personnellement, j’ai toujours trouvé que ça lui donnait un petit coté affriolant, va savoir pourquoi) accueillait le festival les Femmes s’en Mêlent (« s’en mêlent » en deux mots, hein, précision qui a son importance lorsqu’on parle de ce sujet à quelqu’un qui à qui il n’est pas familier). Au programme, deux groupes à composante majoritairement – voire exclusivement – féminine: les finlandaises de LCMDF (abréviation pour Le Corps Mince de Françoise) et le duo Colombien-Britannique The Pack A.D. (After Death) de Vancouver.
Première constatation – la même que pour Mogwai il y a dix jours – l’accueil au Transbo a l’air un tantinet plus chaleureux qu’à l’accoutumée: le guichet passé, le gars de la sécurité arbore un sourire auquel bien peu de ses prédécesseurs nous avaient habitués. Voilà bien quelques mois qu’on n’était pas revenu dans l’antre villeurbannais et cela fait plaisir. Le public est encore épars, il n’est que 20h30 et c’est donc devant une salle peu remplie que Le Corps Mince de Françoise fait son entrée remarquée. Heureusement, cela va vite changer et l’audience va rapidement se montrer un peu plus étoffée (je dirais quelques 200 personnes). Le groupe venu de Finlande est un trio, sur scène au moins – puisqu’un batteur discret épaule les deux charmantes soeurs Kemppainen et ajoute encore un peu davantage d’énergie à une mixture sonore qui n’en manque pourtant pas sur le papier. Cela dit la formule musicale utilisée par le trio, alors que les quelques écoutes curieuses préalables au concert ne m’avaient pas du tout convaincu, s’avère redoutablement efficace et il faut dire, très plaisante. Il y a un petit coté The Go Team dans l’énergie déployée par le groupe, qui fonctionne plutôt très bien. Et puis ces chansons qui lorgnent parfois carrément vers le R’nB – genre auquel mes oreilles sont bien souvent réfractaires – gardent un vrai charme de par leur tournures lo-fi, et l’enthousiasme qui déborde du visage de la toute sautillante Emma.
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The Pack A.D. joue dans un registre tout autre: exit les bizarreries electro, les rythmes légers et enjoués; la batteuse Maya Miller nous prévient au micro, avant même de commencer à jouer que ça va envoyer du gros, et le buzz qui s’échappe déjà de l’ampli Marshall et ses quatre hauts parleurs – alors que la guitare n’y est pas encore branchée – n’est pas pour la contredire. Comme on pouvait s’y attendre, c’est une toute autre forme d’énergie que le duo délivre, plus rock, plus brute (et on aurait presque envie de dire plus « poilue » si on se laissait aller à ces sous-entendus scabreux et machos, mais ce n’est pas le propos de la soirée, attention, gardons-nous de toute pensée même vaguement sexiste!). Maya, à force de frapper sur ses fûts comme une forcenée, a des biceps plus musclés que les miens (je me garderai bien d’aller lui dire en face, froussard que je suis) et si son jeu de batterie n’est pas le plus précis qu’on aît entendu – les filles avoueront elles-mêmes que la perfection rythmique n’est pas de leurs priorités – il ne manque pas le moins du monde de puissance et se passe assez aisément du soutien d’une basse. Quant à Becky, elle s’en tire mieux que bien avec sa guitare, enchaînant riffs abrasifs cisélés, accords distordus, rythmiques soutenues au palm-mute… Un jeu plutôt complet qui apporte une nuance bienvenue aux morceaux très rock’n roll livrés par le duo et lui épargne donc le coté ennuyeux et répétitif auquel on aurait pu s’attendre de la part d’un groupe mainte fois comparé aux White Stripes. Très bonne surprise! Becky maltraite ses cordes à merveille, c’est un délice à regarder pour un guitariste – surtout lorsqu’après avoir pété une corde au milieu d’un morceau, elle demande si une personne dans l’assistance aurait, je cite, « la gentillesse de monter sur scène » pour lui changer la dite corde pendant qu’elle enchaîne le show avec une gratte de secours. (Tu penses bien que ça n’a pas traîné, il y a bien un crevard qui a de suite sauté sur l’occasion).
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Très agréable moment, donc, que ce festival en compagnie des filles et première soirée « 100% » estampillée transbordeur, proposée par l’équipe mise en place par la ville de Lyon en juillet dernier pour l’exploitation publique de la salle. L’occasion aussi d’en rencontrer une partie et d’aborder brièvement le sujet de leurs prochains projets: outre la programmation, dans les grandes lignes, on retient leur souhait de développer au maximum la petite salle du transbo, de profiter de son format et d’y produire autant que possible des groupes et artistes en émergence à découvrir – tout comme ceux de ce soir. De ce coté là, on ne peut que les encourager dans leur démarche. Prochaine soirée à ne pas manquer pour nous: PVT + Fujiya & Miyagi le 28 avril prochain. Pour le reste, la prog est là.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
[on y était !] – 31 Mars 2011 // The PACK A.D. + Le Corps Mince de Françoise au Transbo ! :: Génération Spontanée
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