Les Canadiennes nous ont fait un ultime cadeau (ré)enregistré courant 2008. Environ un an et demi après l’annonce de leur séparation, apprenant que leur label compte resortir des morceaux issus des premières démos du groupe, les filles décident en réponse de se réunir en studio une ultime fois pour assurer la beauté du geste. The Organ sera mort jeune, mais les cinq musiciennes laissent derrière elle une discographie exclusive, et surprenante d’intérêt. Thieves n’échappe pas à la règle, et l’histoire de la génèse de ces six titres non plus.
Fidèle à la pop sombre et mélancolique que The Organ distille depuis le Sinking Hearts EP, Thieves (on peut d’ailleurs se demander qui sont ces « voleurs » auquels le titre fait allusion) débute par le doux-amer Even In The Night: loin de l’archétype du tube Brother à son époque, la musique, et les textes de Katie Sketch, montrent aujourd’hui un visage davantage introverti. Comme si, dans cet essai qu’elles savaient le dernier, les filles avaient voulu privilégier le ton de la confidence, du secret, du partage. Comme si elles s’étaient voulues rassurantes aussi, en nous murmurant à l’oreille « Even in the night, it’s gonna be alright« . Et quand on y pense, Let the bells ring, elle aussi, peine à laisser croire qu’elle n’a pas été écrite spécialement pour l’occasion.
Pourtant, ces lignes de guitare teintées de chorus, simples, touchant du doigt ce truc indescriptible qui fait qu’une fois dans votre tête, elles n’en sortiront plus, sont toujours là. Naïves; et souriantes, comme dans Oh What A Feeling. Les titres suivants parviennent tout aussi bien à retranscrire l’émotion de ce qu’a pu être l’enregistrement de cet EP. Le rien moins que sublime Don’t Be Angry en tête, clôturant la première écoute de ce petit testament, suffit à lui seul à faire regretter ce groupe dont le talent n’aura eu d’égal que la brièveté de son existence. Au final, livrer ce clin d’oeil furtif d’à peine vingt minutes, c’était peut être la seule façon dont The Organ pouvait s’éteindre: loin de la frénésie post-punk de Memorize the City, mais toujours dans l’urgent et l’éphémère.
En écoute: « Let the Bells Ring »
[audio:http://neonnightsla.com/music/letthebellsring.mp3]
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).