The Drift est une formation assez atypique dans le milieu du rock indépendant nord-américain: originaire de San Francisco (on pourrait presque le deviner à l’écoute, encore qu’on pourrait facilement hésiter avec New Orleans!) le quator se compose d’un guitariste (qui officie également au clavier), d’un batteur, d’un contrebassiste et d’un trompettiste. Instrumentale et largement tournée vers les ambiances, la musique de The Drift ne manque pas de groove pour autant…
Car outre les sonorités ambient clairement évoquées par les guitares, dès les premières minutes de Memory Drawings, le disque révèle rapidement un tout autre visage, voire plusieurs: quand la trompette entre, c’est le coté jazzy qu’évoque la musique des californiens qui prend le dessus, accentuant avec subtilité ce sentiment de ralentissement du temps, dépeignant des paysages urbains, des rues pavées vides, jusqu’à ce que la contrebasse et la batterie prennent le relai et enflamment la section rythmique, tout en maintenant cette retenue, laissant les morceaux s’envoler paisiblement vers des atmosphères moins tendues. Saupoudrés par endroits, de fines touches électroniques ainsi que des delays viennent s’adjoindre aux guitares pour emmener l’ensemble sur des terrains plus proches du dub. Revisitant littéralement tous ces styles de musique, sautant de l’un à l’autre sans tabou mais non sans cohérence, le quatuor fait ici preuve d’une maîtrise technique assez impressionnante, toujours mise au service des émotions et des ambiances, et ce même lorsque le groove prend la première place: ces moments privilégiés ne sont pas sans rappeler Directions in Music, ou d’autres projets alambiqués de la scène post de Chicago, du courant des nineties (Codeine, HiM…) dans lesquels on retrouve tout à fait ce genre de climats.
Il serait en tout cas dommage de classer cette formation (signée sur Temporary Residence, label d’Explosions In The Sky, Mono et autres monuments) au milieu de l’étagère « post-rock ». Au même titre que d’autres groupes comme Dub Trio (dans un tout autre registre), The Drift trouve son essence dans un mélange des genres tout à fait pertinent, au résultat foncièrement singulier et d’une beauté rare. Une des très belles découvertes de ce printemps 2008 (merci mx) à coté de laquelle tu ne passeras pas puisque tu es arrivé(e) jusqu’ici…
En écoute: « If wishes were like horses »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/TheDrift_IfWishesWereLikeHorses.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).