Alors qu’il pourrait se satisfaire d’une retraite méritée pour bons et loyaux services rendus à la cause punk rock, Steve Diggle relance le répertoire des mythiques Buzzcocks. Membre fondateur avec Peter Shelley (RIP), Diggle vient immédiatement à l’esprit quand on pense au quartet mancunien. Il est l’homme à la Telecaster blanche, celui qui enlevait les riffs quand Shelley incarnait la voix du groupe, avec cette intonation si caractéristique, porteuse des couplets et refrains de titres à mi-chemin entre pop et punk, écrits dès 1977/1978. Si Shelley est brusquement passé de l’autre côté voici quatre ans, les Buzzcocks survivants, bien que privés de leur iconique leader, ont continué à se produire dans le circuit des clubs. Diggle prit le chant et se retrouva au centre, porteur de l’héritage Shelley. Pour autant, pas de quoi supposer l’écriture d’un album de compositions qui serait le douzième d’une série arrêtée en 2014 avec The Way et qui connut ses plus grandes heures au tournant des années 1980… C’est pourtant ce qui arrive aujourd’hui sous la houlette du guitariste de 67 ans, lequel s’est sans doute dit que valait peut-être mieux une nouvelle fois que jamais plus?
En 2022, que peut-on attendre des Buzzcocks de Steve Diggle et d’un line-up renouvelé? Surtout, que peut-on encore entendre venant de ce groupe qui fit un bout de l’histoire? Nous en avons eu une première idée avec « Senses out of control », EP publié avant l’été. Le titre est nerveux, au tempo soutenu; le ton est mordant. On n’est pas dépaysé et il se peut que cette perte de contrôle des sens fasse s’impatienter (ou pas?) les fans jusqu’au 22 septembre, date de parution de Sonics In The Souls. Je n’en sais rien, je l’avoue. Ce qui n’engage que moi, bien sûr, puisque que l’opus qui sortira chez Cherry Red Records et dont on connait déjà la tracklist, pourrait être aussi pertinent qu’il est inattendu. Sera-t-il pour autant un disque des Buzzcocks? C’est une autre question.
Photo de l’article par Justin Herring
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.