Jimmy LaValle nous avait laissé il y a plus de trois ans avec Into The Blue Again, et un petit gout amer sur le bout de la langue. Un opus résolument centré sur l’écriture et l’interprétation de son seul auteur, dont la sophistication peinait parfois à convaincre, ne trouvant jamais vraiment l’harmonie entre mélodies comtemplatives, ambiances feutrées et pop doucereuse parfois quelque peu insipide. Voici donc The Album Leaf sous un nouveau jour, puisque cette fois-ci plusieurs musiciens ont participé à l’enregistrement, alors que LaValle avait plutôt tendance à travailler seul en studio…
Encore une fois, on sent le projet désireux de revêtir de nouvelles formes, d’élargir les horizons de sa musique à d’autres couleurs que les mélodies intimistes du remarquable « Twenty Two Fourteen » – en témoignent les intros de « We Are » ou de « Stand Still », un peu lourdingues, maladroites, qui s’affichent grossièrement sous un jour plus « rock », et sous lesquels LaValle se montre un songwriter désormais plus confiant et affirmé. Mais non, ce n’est pas ce LaValle là qu’on apprécie le plus ; ce n’est pas le LaValle pop-singer de « Always For You », et même si l’effort est louable, on n’aimera jamais autant The Album Leaf que lorsqu’il esquisse toute sa fragilité, sur un fil tendu entre mélodie feutrée et émotion, jouant d’un certain minimalisme, les claviers et fines boucles électroniques de « Within Dreams » tout devant. Sur « Blank Pages » aussi, on retrouve cet esprit-là même, qui se déroule langoureusement au fil du titre sur une pop douce et mélancolique, lorsqu’une guitare et un violon discret s’y invitent… A Chorus Of Storytellers livre aussi son lot de titres chantés, et une fois encore, si le chant a toujours ce ton confident, il reste souvent en retrait, les instrumentations s’avérant souvant bien plus marquantes que les mélodies vocales. « Tied Knots » clôt joliment l’album sur un duo piano/cordes où on distingue au loin l’affection de LaValle pour les musiques traditionnelles celtiques (que mentionne aussi « Blank Pages » de façon plus subtile).
Si A Chorus of Storytellers se fait sans mal une belle place au milieu des disques de The Album Leaf, et recèle son lot de véritables petites perles, ce n’est sûrement pas le meilleur album pour se familiariser avec l’oeuvre du projet. Il manque d’un certain contraste et nous laisse trop souvent partagés entre l’ennui du « déjà-entendu » et l’attente de quelque chose de radicalement différent, qu’on est même pas sur d’apprécier pour autant. Malgré l’intention, l’album ne marque aucun tournant, et c’est peut-être là un signe qu’il n’y a parfois pas besoin de forcer le destin?
En écoute : « Falling From The Sun »
[audio:http://subpop-public.s3.amazonaws.com/assets/audio/6191.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).