Own Records, comme quelques autres auxquelles on est habitué ici, est une de ces structures qui doit sa réussite à l’immense passion et à l’envie de partage qui en anime les deux principaux protagonistes, et je sais pas vous, mais moi, ça suffit à me donner envie de me pencher sur chacune de leurs sorties. Parce qu’elle est méticuleusement travaillée, parce que l’intégrité des deux bonshommes fait plaisir à voir, et accessoirement parce que bien souvent ce sont de vraies petites perles. Songs For Babes de l’américain Mike Tolan, alias Talons, originaire d’Akron, Ohio, est la dernière en date.
Une fois n’est pas coutume, (on sait les luxembourgeois friands de folk douce et minimaliste) le disque fait la part belle à des harmonies plutôt simplistes, presque naïves, mais faussement épurées : si le chant susurré de Tolan installe dès les premiers accords une ambiance à l’intimité palpable, les motifs en arrière plan, basses caressées, enregistrements d’ambiance – cris de mouettes, sirènes de police, voitures qui passent, voix lointaines de répondeurs téléphoniques, viennent illuminer discrètement, les uns après les autres, les chansons doucereuses et feutrées de l’album – et les habillent d’une musique superbement visuelle. Et quand, occasionnellement, le songwriter délaisse les arpèges de guitare, c’est pour quelques accords de piano disséminés avec soin, presque avec tendresse. Ces « Songs for Babes » nous parlent parce qu’elles sont tout simplement proches de nous, et que parmi les douze babes de l’album (dont le prénom vient orner chaque titre) il y en a bien quelques unes à qui on a déjà eu envie de chanter ces mots… « Maybe we could build a fort, I don’t know where, it’s just if things got all effed up, I’d like to know where you were ».
Enregistré de la façon la plus sommaire qui soit, dans une cuisine, avec trois fois rien – Songs for Babes n’est pas un disque qu’on a envie de qualifier d’inoubliable, ni de sublime, ni d’affubler de superlatifs aussi incongrus les uns que les autres. C’est juste une petite astuce qu’on veut se garder pour soi dans un coin, pour arrêter le temps pendant une petite demi-heure ; écouter les histoires touchantes de chacune de ces filles, et rêver qu’on les a connues. C’est le genre de disque qu’on prend soin de ne pas trop écouter, pour ne pas « l’user », et qu’on se plaira à ressortir dans quelques mois, quand on l’aura presque oublié, pour en retrouver toute la saveur.
En écoute : « Sommer »
[audio:http://slowcoustic.com/wp-content/uploads/2008/10/sommer.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).