« Je ne pensais pas que cela pouvait se reproduire, l’amour vient de tomber de nulle part. » Cette phrase qui introduit le premier couplet de « Crazy », single qui annonce le nouvel album de Spiritualized, dit l’humeur de Jason Pierce…L’ex-Spacemen 3 depuis qu’il a quitté voici trente ans (déjà, c’est fou!) le groupe spécialiste du franchissement de mur du son, s’est plongé corps et âme dans une pop sophistiquée, pleine d’harmonies vocales (parfois plaintives), de mélodies à tirer les larmes et qui ne craint pas, on le sait, les superpositions de guitares. L’étrange gospel post new-wave de Spiritualized, revenu de tout, affranchi du poids des tendances et de l’air du temps, est un miracle musical. Qui tient parfois même du…mirage… Qu’entendons-nous ? Où sommes-nous ? Chez Spiritualized, un cœur brisé en quête d’absolu flotte dans l’ espace. Pierce nous le dit lui-même… Le voyage est sans retour mais qu’importe au cow-boy du XXIe siècle dont les terres à découvrir ne sont plus les plaines de l’Ouest, mais un territoire bien au delà. Il s’éloigne. Dans sa combinaison spatiale blanche, immaculée, il ne craint ni ne redoute plus rien…
Everything Was Beautiful est attendu pour le 22 février et le single « Crazy » l’annonce aujourd’hui. Chanson d’amour au tempo lent, le titre est une ballade country revisitée. Remplie de notes de piano et de guitar slide, elle est construite sur une structure répétitive couplet-refrain, qui développe une mélopée westernienne. Jason Pierce convaincra instantanément le fan. On retrouve le style et l’homme: le style chez Pierce étant une signature immédiatement lisible, et le style c’est l’homme en lui-même.
Tout était beau et ce monde est fou…Nous le regrettons, nous qui sommes d’honnêtes et sains pèlerins. Spiritualized – nom éminemment symbolique d’une messe pop pour les temps modernes – nous console temporairement d’une perte. Peut-être celle du Paradis terrestre (l’histoire n’est pas nouvelle!). Peut-on retrouver ce qui est perdu? C’est la question de « Crazy » et -nous le saurons bientôt – peut-être celle de ce nouvel album attendu. Jason Pierce, quoiqu’il en soit exactement, chante à la perfection cette promesse qui sauve: tout ce dont nous avons besoin c’est l’amour (fou)…
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.