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Disques

Simian Ghost / Lovelorn

Même si la version numérique était déjà sortie au mois d’Avril chez Nomethod Records, j’avais préféré attendre pour écouter le nouvel EP intitulé Lovelorn de Simian Ghost. Question d’habitudes tenaces pour les supports physiques, mais aussi pour ne pas précipiter les choses et garder intact le souvenir de cette précieuse première rencontre au mois d’Août avec l’electrop-pop chillwave toute en délicatesse de Sebastian Arnström.

Il m’aura donc fallu attendre que Simian Ghost signe avec le label anglais Heist Or Hit Records ; ce dernier choisira de distribuer Lovelorn (le 6 titres succédant au premier album Infinite Traffic Everywhere chroniqué ici même) le 14 novembre sous la forme d’un bon vieux CD et satisfera ainsi les desiderata de votre vieux grincheux de serviteur.

La galette (emballée dans une pov’ pochette carton single toute riquiqui, imaginez ma déception) glissée dans le mange-disque de l’ordinateur plus tard… Je me retrouvais en terrain connu: la voix au falsetto parfois étrangement androgyne, un DIY évident voire même accentué sur ce projet, une électro minimaliste mais omniprésente et une recherche constante des mélodies.

Le mini album débute avec le discoïsant « Free Agent », à l’équilibre bancal, taillé pour des dance-floors fréquentés par les geeks, et assumant un côté rétro par sa mise en scène de lecture d’une vieille cassette audio: ici, le clac de la touche « play » pour finir avec la touche « stop », là, du souffle rajouté, plus loin, une spatialisation du son évoquant une vieille bande magnétique qui se tend et se détend. Le plaintif « Note to Self » avec son « I could have done some much more for you » répété en boucle mais décliné avec une série d’effets sur la voix, s’inscrit comme la chanson la plus expérimentalement pop de l’album, à l’image d’un Aphex Twin terrassé par la codeine. « As You See Fit » fraie dans les mêmes eaux avec une structure extrêmement lâche tenue par la voix de Arnström et opposée à la rythmique électronique. Débutant avec une boucle synthétique hypnotique invitant à une dérive onirique, « Bicycle Theme » et sa construction, ici aussi classiquement pop que possible, s’imposent comme le single tout en douce luminosité et addiction du EP. « Poolside Glow » bloque guitare acoustique et synthés nineties sur mode repeat pour cinq minutes trente pour un bain de soleil artificiel aux accents de savoureuse paresse. La folktronica de « Gently Submissive » louche avec un peu trop d’insistance vers un Radiohead époque OK Computer avec une voix aux intonations Thom Yorkiennes, influence majeure et reconnue par Arnström. Quant à « Take My Hand And Lead Me Home », plus Folk que Tronica et construit autour d’une guitare acoustique et de handclaps, il conclut le EP comme un négatif photographique de la disco inaugurale de « Free Agent », décrivant un trajet entre les deux extrêmes de l’univers musical de Lovelorn.

En comparaison avec Infinite Traffic Everywhere, cet EP est dépouillé, quasiment épuré, contaminé par une agréable indolence électronique qui semble peu à peu s’emparer de l’ensemble de l’oeuvre. Comme si Simian Ghost se débarassait peu à peu de ses influences pour déchiffrer son identité propre. Si cette recherche ne semble pas encore entièrement finalisée, il reste la fascinante fragilité des compositions de Simian Ghost que Sebastian Arnström illustre avec une toujours émouvante et intelligente élégance.

En écoute intégrale ci-dessous (via Soundcloud)

2 comments
  1. [DARK GLOBE]

    […] vrai que les chansons de Infinite Traffic Everywhere (chroniqué ici, ndla) et Lovelorn (ici) sont dans leur grande majorité des morceaux électroniques, basées sur des claviers, des […]

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