Pour la 2ème année consécutive à peu près à la même époque, j’avais rendez-vous avec le groupe de Justin Warfield et Adam Bravin c’est-à-dire She Wants Revenge, groupe dark rock américain ( ou dark side, au choix), adoubé par la scène gothique, l’un de mes gros coups de cœur de ces dernières années et absolument indispensable. Cette fois-ci c’est la scène du Trabendo qui leur était promise, soit pratiquement le double en capacité d’accueil en regard de leur précédent concert parisien. Les avoir déjà vus l’année dernière dans de très bonnes conditions au Badaboom, petite salle du 11ème arrondissement de Paris, de manière plus intimiste mais totalement jouissive, me permettait de naviguer en territoire connu.
De retour aux affaires, après une pause vers 2010 où l’on avait eu peur d’un split définitif, les voir une deuxième fois, après ce live inespéré et torride de l’année dernière, tenait carrément d’un deuxième miracle. Avant toute chose, j’ai été un peu déçu par la qualité du son du Trabendo où les basses étaient parfois brouillonnes et les sons des guitares (en l’occurrence des Fender Jazzmaster) manquaient par moment d’un peu de clarté et de définition. Sur certains passages la sonorisation aurait dû être plus clean, pour résumer mon impression. Oui je sais, je pinaille car ce n’était pas la cata, loin de là, mais la qualité sonore est tout sauf un détail puisqu’elle conditionne forcément le ressenti du point de vue du spectateur. Cela étant dit, l’essentiel était que les gars semblaient heureux d’être là. Moi aussi, comme tout le monde, dans un Trabendo pratiquement complet.
Je les sentais à l’aise sur cette scène un peu plus spacieuse. Justin en maitre de cérémonie était plus affable aussi, davantage en communion avec le public, son code vestimentaire affirmé par un bandeau de maquillage noir sur les yeux (ou un bandeau tout court) tel une peinture de guerre indienne, prêt au combat, dans une tenue noire aux manches évoquant de loin la silhouette d’une chauve souris. Tiens donc ! Mais n’étant pas collé à la scène, avec un light show tirant très souvent sur le rouge, le bleu, le vert (merci pour les photos), je n’avais pas une vision très détaillée. Tout me rappelait certaines soirées gothiques, il y a longtemps, et sans que nous soyons sur un dancefloor, j’ondulais sévèrement… Eh oui, quand je dis dark rock...
Qu’importe, car l’ambiance avait aussi un peu évolué. Certes toujours aussi hypnotique et captivante, mais la présence d’une grappe de midinettes apprenties goth en totale extase, reprenant par moments les paroles, rendait la chose amusante et confortait le groupe. Oui messieurs les musiciens, votre public est chaud et intergénérationnel. Heureusement qu’il y avait une bonne proportion de vieux post punk ou venant du dark side comme moi, sinon j’aurais pu me croire chez Tokyo Hôtel. Nann, je plaisante !
La setlist était pratiquement la même, puisant dans les trois albums du groupe, avec cependant deux très bonnes nouvelles chansons en guise de surprises. Je me suis remémoré une interview de Justin, où celui-ci affirmait que Joy Division/New Order étaient des influences plutôt minimes parmi tant d’autres et qu’il s’étonnait presque que leurs fans pensent plutôt le contraire. Ahahah, mais les fans ont (presque) toujours raison, et ce que j’ai entendu va clairement dans ce sens. Ce n’est pas la mélodie vocale de « Believe » lorgnant un peu, voire plus, vers « Blue Monday » de New Order, qui me fera penser le contraire. J’ai beaucoup aimé l’autre nouveauté « See the Distance, See theTruth », aux couplets post punk et à la mélodie presque pop du refrain. Efficace et je vous le dis, un hit en puissance : leur ADN musical en quelque sorte, dark et dansant. J’ai donc pris cela comme un présage de bon augure, espérant au plus vite un quatrième album. De plus, je ne suis pas loin de penser que Justin Warfield puisse être une sorte d’héritier américain, cousin dans l’esprit du moins, d’un certain Ian Curtis. Avec un flot frisant l’excès de vitesse parfois, mais sans la gestuelle saccadée, avec mélodies et variations vocales en plus. Et pourquoi pas cet héritage mancunien? Parce qu’il ne le revendique pas peut-être? Qu’il ne singe pas Curtis et qu’il est juste lui-même, en fait… C’est possiblement ça le secret de Warfield, après tout. Le débat est lancé ? En tout cas du côté sombre, c’est certain.
C’est dans ce territoire que s’est tenu le concert et j’attends, avec grande impatience, ce moment où je retournerai voir She Wants Revenge. Dark, dark, dark. Parce qu’il y aura obligatoirement une troisième fois. Allez, salut maintenant !
Playlist: 1 Red Flags & long nights 2 These things 3 Sister 4 Take the World 5 Written In Blood 6 Little Stars 7 Pretend the World Has Ended 8 She Loves Me, She Loves Me Not 9 True Romance 10 See The Distance, See The Truth 11 Believe 12 Rachael 13 She Will Always Be a Broken Girl 14 Suck It Up 15 Out Of Control 16 Tear You Apart
« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «