Cela fait déjà plus d’un an que l’on vous parle (interview et tutti quanti) des deux Mancuniens aux Curriculum Vitae de dingos de RubberBear : Steve Trafford, ex-membre guitariste de The Fall et Tom Chapman, le nouveau bassiste de New Order. Après deux EP auto-produits, la sortie de Other Side of the Fence marque la signature du groupe sur le label Republic of Music. Pour l’occasion, cette nouvelle galette réunit des morceaux présents sur les premiers essais du duo mais remixés et remasterisés: un « best of » en quelque sorte de la toute jeune histoire du duo.
A première vue donc, rien d’essentiellement nouveau sous le ciel brumeux de Manchester pour RubberBear mais tout de même une bien jolie manière de découvrir leur univers sur un disque qui tient le rôle d’état des lieux du déjà large champ musical exploré par les deux lascars; soit quatre chansons équilibrées sur un ordre binaire (une rapide, une lente) accompagné d’un remix bonus pour la circonstance, tous représentatifs d’une pop expérimentée. Ainsi, le nerveusement jouissif et point d’entrée explosif, « My Addiction », toutes guitares dehors, la batterie affolée, est exécuté le pied sur la pédale d’accélérateur, dans un souffle. Une bonne dose de cynisme est ensuite nécessaire pour ne pas succomber à « Let’s Move Somewhere Else »; classique parmi les classiques, balade lumineuse de nostalgie intime, mate et juste, à l’amertume veloutée, aux harmonies belles comme de la dentelle. Sur le très électropop « World of Modernity », les boîtes à rythmes semblent percuter la voix de Steve Trafford comme une représentation du thème de la chanson; c’est à dire la place désormais centrale de la technologie dans l’existence humaine. Le faussement tranquille « Elements » est, quant à lui, parcouru par des lignes de guitare électrique nerveuses ou de basse rebondie pour troubler une ambiance autrement trop moelleuse. Pour terminer, le remix « World of Modernity Old Trafford Orchestral version » dépouille le titre de tout son arsenal électronique pour lui préférer une approche presque lyrique avec ses cordes et ses choeurs mais en évitant élégamment et heureusement le prétentieux et casse-couilles.
La musique de RubberBear, avec son classicisme parfois teinté de reflets rétros s’inscrit et puise son influence directement dans la grande tradition de la pop rosbeef. En conséquence, il y a bien évidemment des petits détails dans les compositions qui rappellent les groupes avec lesquels Steve et Tom ont collaboré (notamment les rythmiques électroniques de « World of Modernity » qui semblent toutes droit venues de la banque sonore de New Order). Mais au final, avant toutes choses, l’ambition première des RubberBear apparait comme celle d’écrire d’excellentes pop songs. Et le soin, l’attention porté au travail d’écriture et de production, le professionnalisme omniprésent, finissent de faire de Other Side of the Fence, un objet particulier et extrêmement personnel, éloigné du tout venant de la production actuelle, presque en dehors des modes.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.