On avait découvert Robin Foster, anglais échoué sur les rives bretonnes, voici quelques années. C’était alors le fruit d’un heureux hasard et surtout d’un morceau découvert sur -souvenez-vous- Myspace: « Disco Ouessant », instrumental à la fois épique et onirique de neuf minutes, qui nous servira d’introduction au post rock cinématographique du sieur Foster et à son album Life is Elsewhere.
Dans ce dernier, la musique s’imaginait sous forme de road movies urbains et nocturnes dans lesquels l’obscurité était parfois déchirée de traits de lumières aux couleurs vives.
Après une attente de trois ans sort donc le nouvel opus de Robin Foster, accompagné par un changement de taille: si le premier était uniquement instrumental, le second propose cinq morceaux chantés par David Pen (guitariste et chanteur d’Archive) et Ndiddi O (chanteuse canadienne d’origine nigériane). Mais point de grosse révolution formelle ici car avant même d’écouter, la filiation entre les deux opus se révèle au travers des titres: entre Life is Elsewhere et le petit nouveau Where Do We Go from Here?, un constat de continuelle errance et de recherche désabusée pour le musicien.
Introduit par l’animateur britannique Ray Cokes, Where Do We Go from Here? est encadré par deux morceaux aux noms qui s’opposent à la manière de négatifs photographiques : « Happy / Sad » pour débuter et un « Sad / Happy » pour conclure ; comme les balises d’un voyage sentimental parcouru par l’auteur lors de la conception de sa nouvelle oeuvre. Si cette dernière s’inscrit dans la droite lignée d’un Life is Elsewhere sur certains instrumentaux, notamment avec « Happy / Sad » mais surtout un « Left Turn » construit sur une lente montée du plaisir jusqu’à un final quasi-orgasmique à l’instar de son illustre prédécesseur « Disco Ouessant », une lancinante mélancolie hante Where Do We Go from Here?. Celle-ci devient parfois une souffrance toute en pudeur, reflet d’une écriture marquée par le décès de deux amis. Les douloureux souvenirs apparaissent sans doute plus lisibles sur les morceaux chantés par David Pen ; que ce soit « A Collapsing Light », le débordant de fatalité « Concrete Skies » (« This blinding God controls everyone of us »), jusqu’à un « Black Mountain » aux intonations à la Jeff Buckley en passant par le premier extrait de l’album l’élégiaque « Forgiveness », tout en douleurs retenues. Un sentiment général qui offre une homogénéité à l’album et permet au pourtant très Bristol Sound “Pick Your God Or Devil” de s’intégrer dans cet environnement majoritairement rock. Seul l’énervé « Deadwood » accompagné de son agaçant riff brit-rock et ses tendances à partir en couille sur la fin parait un peu déplacé. « Sad / Happy », tout en dépouillement au regard des autres morceaux, referme l’album sur une dernière note apaisée.
Robin Foster semble s’être détourné de ses longs et fantasmés travellings urbains de musicien pour s’arrêter quelques instants sur le bord de la route et s’interroger à la fois sur le temps qui passe (les bruits de vent filant sur des objets métalliques abandonnés à la fin de l’album) et le caractère éphémère des instants de bonheur, à l’image de la photographie noir et blanc d’un mariage sur la pochette. Mais au lieu de filmer le monde qui l’entoure, il a décidé de parfois retourner son objectif sur lui-même. Sa musique y a gagne en intimité et émouvante introspection.
En écoute: « Forgiveness »
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.
John
Ah tiens je ne connais pas merci pour l’info je vais écouter cela.