Polinski a beau être un nouveau projet de plus qui sort de l’ombre, son créateur n’est pas inconnu de nos services puisqu’il officie déjà au sein de 65daysofstatic – groupe britannique assez difficile à classer mais dont on pourrait qualifier la musique de mélange savamment dosé mêlant post-rock, rock progressif, drum’n’bass et électronica (voire techno, tant leurs prestations live finissent parfois en total délire). Paul Wolinski s’offre donc sa première échappée solitaire après dix ans avec 65dos: « Labyrinths est le disque que je rêve d’écrire depuis que j’ai quinze ans et que j’ai appris à programmer en midi« .
Il n’est, en effet, pas difficile de percevoir la saveur immédiate de Labyrinths et de ses compositions, et l’enthousiasme de leur créateur; sur une base synth-prog et beatboxes, sur laquelle l’ensemble de l’album repose, viennent s’empiler rythmiques pop (« Tangents »), refrains technoïdes (« Kressyda »), clins d’oeil sci-fi: Vangelis, John Carpenter… (« Still Looking » évoquant l’univers sonore de Blade Runner – d’abord, pour s’aventurer ensuite sur celui de le trilogie Matrix) et morceaux « rentre-dedans » aux structures plus alambiquées et progressives, au tempo soutenu, comme le génial « Awaltzoflight » qui clôt l’album et où les nappes de synthé, empilées les unes sur les autres, amènent une couleur parfois très « dreamy ». Sur « Like Fireflies » ce sont les séquenceurs et les beats qui prennent le dessus, mais à ce jeu là la recette fonctionne moins bien, le compositeur s’embourbant alors dans des formats electro trop classiques où les crescendos se posent de façon évidente et prévisible, là ou il faudrait la forte identité sonore d’un Zombi pour éviter de tomber dans le réchauffé. On préfère largement les titres moins orientés « big beat », ou la partition midi façonne des ambiances plus harmonieuses, moins tape-à-l’oeil, et dont le résultat s’approcherait davantage d’un shoegaze synthétique où les guitares auraient été troquées pour des claviers. Par chance, c’est ce type de morceaux qui domine sur l’album, et le reste ne versant pas dans la surenchère techno, Labyrinths reste un premier disque tout à fait réussi: Polinski nous entraîne dans un dédale sonore dans lequel on s’égarera à nouveau avec grand plaisir.
En écoute: « Tangents »
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).