Voilà bien une bonne semaine que je m’escrime à me décider si oui ou non je vais poster cette chronique du dernier album de Placebo. Mais ce groupe a toujours eu une signification particulière pour moi – et c’est le moment ou jamais de le confesser – le nom de ce site a même un petit quelque chose à voir avec lui. Ça ne m’empêche pas d’être convaincu que ce que l’oeuvre du power trio a de plus intéressant à offrir appartient définitivement au passé. Mais il y a toujours en moi, lorsqu’ils annoncent une sortie, un mince et impossible espoir de voir Molko & Cie renouer avec la fougue, la rage – le sens en somme – des trois premiers albums.
Sleeping With Ghosts avait déçu, et ne parlons même pas de Meds. Qu’en est il de ce nouveau Battle For The Sun à l’heure ou Depeche Mode ou Sonic Youth – sans réinventer la poudre – arrivent encore à pondre de bons disques?
Et bien soyons réalistes – ça commence plutôt mal. On avait déjà entendu l’extrait disco-metro-sexuel « For What It’s Worth » qui ne présageait pas d’un grand retour en fanfare pour nous autres (vieux cons) fans de la première heure. Sans surprise, « Kitty Litter », le titre d’ouverture, nous resert les restes de Meds – la fadeur en plus: le son froid et metallique de la Boss Metal Zone compressé à outrance, dégoulinant sur les guitares, le chant maniéré de Molko – pas celui qu’on aime, celui qui nous exaspère – et les handclaps sur la fin du deuxième refrain (là c’est vraiment too much)… Non. « Ashtray Heart » et son titre séduisant (il s’agit du nom du groupe avant qu’il adopte celui qu’on lui connait) ne relèvent pas le niveau, on n’y apprendra rien sinon que le groupe balbutie deux ou trois mots d’espagnol (clin d’oeil qui aurait pu être sympathique si on comprenait ce qu’il venait faire ici). Ce n’est que le début du titre éponyme qui réveille un soupçon d’intérêt chez moi, par sa ligne de guitare baryton atypiquement groovy, mise en lumière par la basse et la batterie lorsque la rythmique entre. Pas de quoi être vraiment rassuré pour la suite mais on tient là au moins un titre qui tranche avec le vide intersidéral de Meds, et de ce qu’on a pu entendre de BFtS jusqu’à maintenant.
Le reste de l’album se déroule de la même façon, inégale, arythmique, tantôt décevante, tantôt surprenante (si si!). Il faut reconnaître à Molko qu’il a su redonner une certaine teneur à son songwriting, injectant dans quelques titres des mélodies vocales accrocheuses dont il a le secret (« Speak In Tongues », « The Neverending Why »). Mais c’est alors la production qui dérange, traînant l’album vers une pop bien trop aguicheuse (était-ce prévisible de la part de Dave Bottrill???). Et puis à la fin du disque, alors que tout espoir semblait perdu, arrive « Kings Of Medicine » comme la pluie après une longue sécheresse. Incroyable. Sur quelques accords de guitare sèche à peine frappés, mid-tempo, une voix agréable et sans fioritures (on se demandait si Brian Molko rechanterait un jour comme çà), rejointes par un piano discret et indispensable… Putain, mais on le tient presque notre nouveau « Peeping Tom »! Dommage qu’il ait fallu attendre tout ce temps… Et Molko de conclure avec ces mots: « I wouldn’t know where to begin ». Et ben c’est tout simple Bri, c’est par là qu’il fallait commencer.
Avec tout çà, Battle For The Sun vaut il le coup qu’on s’y arrête pour autant? A mon sens, pas vraiment (et vous?). Ne rêvons pas, le groupe s’est engagé il y a longtemps (et de son plein gré) sur une voie dans laquelle la noirceur de Without You I’m Nothing ne peut que rester un souvenir. Mais voyons le bon coté des choses: Placebo peut encore pondre de bonnes chansons. Il y a encore de l’espoir. Suffisamment pour jeter une oreille sur le prochain, avec un à priori un peu moins négatif.
En écoute: « Kings of Medicine » (ça serait con de s’en priver)
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Placebo_KingsOfMedicine.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
ArnD
T’as vraiment écouté les derniers SY et DM ??? : )))
ArnD
Par contre je ne sauve rien sur ce disque, alors que j’ai de l’indulgence pour certaines compos de Meds (bien pcq il a fallu que je me le farcisse en boucle pour en parler à l’époque), entre autre dans l’écriture qui a un quelque chose de très amer et mature (la paternité sans doute): une perte de l’innocence en somme;.. Pour Kings of Medicine, ça m’évoque plutôt un mélange entre Coldplay et… je sais plus ! Mais les arrangements c’est vraiment pas ça !!! Sinon SY fait du SY bof bof et DM fait du mauvais DM (comme depuis trop longtps…)
Lionel
Coldplay??? Putain t’es dur là quand même… :lol:
ArnD
ah ben je trouve ce morceau vraiment pas génial… Je préfèrais encore « In the Cold Light of Morning » ou « Pierrot the Clown » sur Meds ! C’est dire…
Lionel
OK… Ca doit juste être moi alors :lol: mais je retrouve vraiment dans ce morceau qqch de ceux de la belle époque…
ArnD
nan c’est moi dans un sens: Peeping Tom (et BMM) ce n’est pas vraiment « ma belle époque » ! :lol:
Lionel
mouais ok, le début de la fin alors
Cela dit on serait pas d’accord quand même. Toi c’est WYIN et moi c’est le premier alors bon :P