Après quelques mois de repos, que les membres de Piano Magic ont mis à contribution pour divers projets personnels (Future Conditional, projet electro de Glen Johnson et Cédric Pin, et Klima, projet d’Angèle David-Guillou, dont les premiers albums respectifs sont sortis en mai, ainsi que Franck Alba qui prépare un album solo), le plus français des groupes anglais s’est retrouvé en studio pour enregistrer le digne successeur de Disaffected. Un album que j’attendais avec une grande impatience, même si la date de sortie de Disaffected ne remonte qu’à deux ans, et si le Incurable EP est tombé entre temps pour rendre l’attente moins longue… Difficile de prévoir à quoi s’attendre. La discographie de Piano Magic, de Low Birth Weight (si l’on oublie les précédents efforts, tous limités à peu d’exemplaires et difficilement trouvables aujourd’hui) à nos jours, regorge de tellements de perles, de l’électro, de la pop, à un rock ambient et dark, en passant par une folk éthérée, minimaliste, ou au shoegazing et aux hymnes noisy… Glen Johnson fait partie de ces songwriters de génie qui savent manier la mélodie avec une déxtérité incomparable et toucher son auditoire au coeur. Plus que jamais, à mon sens, il a su s’entourer de musiciens dont ses chansons avaient besoin.
Le line-up est stabilisé depuis quelques années (cinq, plus ou moins) et l’on ressent ici son unité sur des titres comme The last engineer ou Saints preserve us (qui rappelle l’excellent Password de l’album Artist’s Rifle). Par ailleurs les accros au spleen des compositions de Glen seront ravis par Cities and factories, ou England’s always better (le titre d’ouverture auquel Simon Rivers, de The Bitter Springs est venu prêter sa voix). Si Baudelaire avait vécu à notre époque, nul doute qu’il aurait été fan de Piano Magic. Les instants de grâce se suivent, moins nombreux et marquants que sur Disaffected peut être, mais distillant une atmosphère plus brumeuse, plus floue, les guitares noyées dans une reverb appuyant cette impression. Puis, au fil des écoutes, l’album se révèle, se dénude pour libérer sa magie, et ouvrir ses portes sur un univers de fin du XXème siècle classieux et distingué, peuplé des personnages exhubérants sortis de l’esprit de Glen Johnson.
Part Monster est un album dans la lignée des précédents, c’est un disque dont on a envie d’entendre les chansons sur scène, dans une salle sombre, devant une cinquantaine de personnes. Pas plus. Car (malheureusement pour eux) c’est aussi cette intimité, ce coté « diary » qui fait de Piano Magic un groupe si particulier. Espérons que ces espoirs iront jusqu’à eux et qu’ils annonceront bientôt une tournée française…
En écoute: « Cities & Factories »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/PianoMagic_CitiesFactories.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).