Enfin, enfin, enfin…trois fois enfin, comme les trois années d’attente dues aux lock down, annulations et autres reports, vous voyez de quoi je parle… J’étais donc Salle Pleyel pour assister à la prestation de Paul « Modfather » Weller, leader de The Jam de 1977 à 1982, puis co-fondateur de The Style Council avec Mike Talbot, pianiste de The Merton Parkas, l’un des groupes du revival Mods du tout début 80. Quand on va voir Paul Weller on sait normalement à quoi s’attendre, puisqu’on y va en toute connaissance de cause pour se délecter à l’écoute des superbes chansons de ce songwriter de grande classe, dont la riche carrière solo a débuté en 1992. Si je dis ça en préambule, c’est parce que j’ai lu certains propos post concert faisant état d’un certain ennui. Alors si vous pensiez entamer un pogo en venant, soit vous vous êtres trompés d’époque, soit vous n’avez pas bien écouté l’actualité du british à la chevelure largement blanchie. Je reconnais tout de même que l’on peut être moins à l’aise pour apprécier un tel concert debout dans la fosse, alors que j’étais moi-même plus ou moins confortablement assis, pour me fondre dans la richesse des harmonies et la qualité des compositions. De ce point de vue, le musicien que je suis a été assez bien servi.
Depuis ses débuts en solo, Paul Weller a laissé s’exprimer ses envies R&B/soul/rock 60’s, et autres ambiances acoustiques sur ses quinze albums studio. Pour mon premier concert de ce calibre dirais je, mêlant excitation et intériorisation, je n’ai pas été déçu. Cependant, on peut tout de même parler de pics d’intensité et de temps plus calmes car ces deux heures de live n’ont pas été frénétiques du début à la fin. Et cela est parfaitement logique, en regard d’une playlist faisant la part belle aux deux derniers albums On Sunset (2020) et Fat Pop (2021), pas les plus énervés mais très intéressants, avec dix chansons, qui n’avaient pu être présentées sur scène à cause de cette période étrange dont nous venons de sortir. Les dix-neuf autres, Weller les a puisées dans sa discographie passée, avec quelques covers, principalement de The Style Council, dont l’alchimie sonore témoignait bien de ce qu’est la signature de l’artiste. Ainsi l’ambiance est-elle montée d’un cran avec la sémillante et populaire « Shout to the top » et a frémi sur une bonne partie du set, mais sans aller jusqu’à faire sauter le couvercle de la marmite, quand c’est peut-être ce que certains attendaient. Alors bien sûr dans un rêve le plus fou, si j’avais pu choisir, j’aurais aimé entendre plus de titres de The Jam dont il n’y eut que « Start ». Pas de « Town Called Malice » ou « That’s entertainment », « Carnation », « Down in a Tube Station at Midnight »…tant pis!…Pas de « Brushed », « C’mon let’s go », « From the Floorboard Up », « Woo Se Mama » ou « The Attic » non plus, titres un peu plus pêchus de son répertoire solo, qui auraient certainement fait exploser l’ambiance, le timing aussi. Car secrètement, j’aurais, nous aurions tous peut-être aimé entendre un Best Of géant qui aurait plongé Pleyel dans l’incandescence totale…Je n’aurais pas dit non, mais Weller ne semble pas intéressé par le projet.
Alors ce 12 septembre j’ai baigné dans l’excellence et le talent, me délectant des volutes d’un maitre comme sur la magnifique « Rockets » en guise d’au revoir. Au fait, maintenant que j’y pense, si j’avais pu choisir les chansons de la playlist…c’est donc que…mais oui, j’aurais été Paul Weller moi-même ! Hummmmm , voilà une idée très séduisante, totalement schizophrène, mais séduisante. Parce que Paul Weller c’est tout de même la grande classe ! Allez salut maintenant.
Playlist :
1. My Ever Changing Moods (Style Counsil) 2. Cosmic Fringes 3. I’m Where I Should Be 4. That Pleasure
5. Headstart for Hapiness (The Style Council) 6. Old Father Tyme 7. Julble Queen 8. Stanley Road
9. The Piper 10. Glad Times 11. All the Pictures on the Wall 12. Hung Up 13. Fat Pop 14. Village
15. More 16. Shout to the Top (The Style Council) 17. Saturns Pattern 18. It’s a Very Deep Sea (The Style Council)
19. Above the Clouds 20. Into Tomorrow 21. The Changinman 22. Start (The Jam) 23. Peakcock Suit
24. Broken Stones 25. On Sunset 26. Testify (x2) 27. Wild Wood 28. Rockets
« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «