« Wave Goodbye tour », voilà le texte qu’on voit trôner sur les T-shirts fièrement arborés par les fans qui s’agglutinent déjà à l’entrée des Arènes de Nîmes en cet après-midi estival. J’avais personnellement émis quelques doutes sur la véracité des affimations de Trent Reznor comme quoi cette tournée serait la dernière occasion de revoir le groupe sur scène, la nouvelle ayant déjà été divulguée par le passé (et pas toujours vérifiée donc). Mais là, aller jusqu’à nommer la tournée en conséquence… Va savoir. Ce concert est peut être réellement un des derniers de NIN.
On n’aura malheureusement pas la chance d’être l’une des dates sur lesquelles Jane’s Addiction est en support, c’est donc Alec Empire – ex Atari Teenage Riot, accompagné de Nic Endo (ex ATR également) qui investit la scène à vingt heures pétantes. Si voir sur scène une figure aussi emblématique de la musique électronique des années 90 a son petit quelque chose, musicalement, il faut dire que ça devient très chiant au bout de quinze minutes – tout au moins des gradins depuis lesquels j’assiste au spectacle (Ben ouais, qu’est ce que tu veux, à trente ans passés le mosh pit ça fait peur un peu). Le son est tout simplement affreux, les machines saturent complètement, la voix d’Alec c’est encore pire, et le type à la console aura sans doute du se dire que foutu pour foutu, autant balancer la sauce et monter le volume jusqu’à la limite du supportable. En bas ça s’amuse sec, ça danse et ça saute, le duo aura donc parfaitement assuré sa première partie et réussi à installer l’ambiance qui va bien (quelques bons moments comme le « No Remorse » et le final, « Revolution Action ») mais finit son set avec la moitié du public – ceux qui n’ont pas eu la bonne idée d’emporter des bouchons – qui se bouche les oreilles. Un son dégueulasse, des gens qui dansent et qui s’amusent, de la parfaite musique de « techno club » en somme!
La nuit n’est pas encore tout à fait tombée lorsque NIN débarque, et entame le set avec « Home » (With Teeth), « 1000000 » puis « Letting You » extraits du petit dernier The Slip. Bonne entrée en matière mais petite frayeur malgré tout, vite dissipée par un enchaînement « Sin » / « March of The Pigs » / « Piggy » (version édulcorée tout de même, qui m’a un peu laissé sur ma faim. Ce titre est un de mes préférés) assénés comme des coups de marteau. Le son est absolument fantastique de là où je me trouve – ça tranche avec la bouillie d’infrabasses d’Alec Empire – et les musiciens sont impressionnants de justesse et de technique. Mention spéciale au batteur, Ilan Rubin – 21 ans tout juste – qui est juste incroyable, une frappe sèche et précise comme on en a rarement vues, une vraie pieuvre derrière les fûts. Impressionnant. De leur coté, Robin Finck (guitare / clavier) et Justin Meldal-Johnsen (basse, guitare) – multi instrumentistes, vocalistes – soutiennent Reznor à merveille. Le spectacle se déroule de façon hyper mécanique, on voit que la tournée est déjà bien rodée – et pourtant on a pas cette impression de « tout prévu », peut-être tout simplement parce que ça envoie grave, et qu’on en prend plein la gueule.
Petit intermède The Fragile, et moment fort pour moi lorsque Trent, après « La Mer », entame au piano les premières notes de « The Frail ». On sait déjà que « The Wretched » va venir juste après, alors on savoure cette intro au piano qui est magistralement sublime. Un ange passe, le public fait silence, c’est un pur moment de magie et d’apesanteur. Quelques mots de Trent pour souligner la beauté de l’endroit, présenter et féliciter ses musiciens (et c’est clair qu’ils méritent ses éloges, on l’a déjà dit mais Reznor sait vraiment bien s’entourer)… Et repartir sur une petite série « The Downward Spiral » (en instru), « Wish », « Survivalism »… Avant de nous entraîner doucement vers le final, servir une version hallucinante de « Head Like A Hole » – histoire de constater avec le recul qu’ont peut dire que la discographie de NIN est une des plus étoffées depuis la fin de années quatre vingt, et que même si Reznor a parfois tourné un peu en rond au cours de ces deux décennies – aussi prolifique qu’il ait pu être – son œuvre musicale reste quand même remarquable de largeur et de complétion.
Le groupe quitte la scène, revient pour interprêter « Hurt » en final désormais traditionnel puis les lumières se rallument. Je suis un peu surpris, ces deux heures sont passées en quelques minutes. Mais je continue de profiter du moment, je regarde le plaisir sur les visages encore marqués des autres qui se dirigent vers la sortie. Et puis je ferme les yeux une seconde et sors ce petit carnet de note imaginaire du fond de mon esprit, et un stylo, imaginaire lui aussi, qui traîne à coté. Puis j’ajoute cette petite ligne en bas de la liste qui y figure déjà : « Voir ENFIN Nine Inch Nails en concert – checked« .
Crédit photos : Olivier Freche
[youtube]kjcDl9dfSus[/youtube]
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
Black Day
Sur les conseils de cette chère Steph, je reviens traîner mes guêtres ici et constater que ton retour du concert de NIN à Nîmes est assez lointain de celui que j’ai presque gardé égoïstement de celui de Paris. Non pas que je sois profondément mufle, mais plutôt que je suis reparti avec un goût de déception.
Je passe les désagréments du voyage qui ont à coup sûr participé au sentiment mais qui doivent être cités pour que ceci explique cela. Pourtant (on en avait discuté au Pop-In), ce concert était pour moi aussi l’occasion de voir ENFIN N.I.N.
Le concert du Zenith est passé hyper rapidement, parce qu’il était réellement court. Alors que j’aurai pu le trouver long tant j’ai eu l’impression que tout était pareil, passé en force et limite violent du début à la fin.
Ce que j’apprécie dans ce groupe, c’est la palette, la richesse, les mélanges. Ce soir là, tout était prétexte à exploser les oreilles sans bouchon (heureusement, je les avais) . Les intros habituellement mélodiques, les alternatives électro au reste des compos : tout était rapidement remplacé par une énergie trop forte (pour moi hein, c’est purement subjectif).
Quant au jeune âge du batteur, j’étais au courant, vu que ce soir là, son anniv’ a été célébré par l’arrivée d’un gâteau livré par de jeunes femmes court (heu dé-) vétue…
Voilà, je répète : le voyage Aller-Retour y est peut être pour beaucoup, à cela tu ajoutes une attente de plusieurs années et tu obtiens une review que je n’aurais pas réussi à faire sur le moment.
ArnD
Pourtant c’était justement fidèle à NIN en live: une pure décharge d’adrénaline, et ce même depuis les gradins. J’ai vu NIN en 99 au premier rang de la fosse et plus tard à différents endroits, et ma conclusion c’est qu’importe la place c’est toujours aussi intense. Après ouais faudrait arrêter de jouer Hurt… mais bon (surtout chez nous avec les blaireaux qui tapent ds leurs mains à contretemps)
Black Day
Ah ça pour être intense, ça l’était !
Je me suis surement fourvoyé en pensant que parfois cela pouvait être comme sur album, plus nuancé.
Ceci dit, avec le recul : malgré la patate permanente, c’est resté exemplaire de placement.
Et comme dit auparavant, c’est purement subjectif et l’image d’un instant donné avec son environnement, tout ça tout ça ;-)