Propaganda… Voilà un retour discographique qui ne rajeunira pas une part de notre lectorat, ni moi-même cela va de soi. Les allemands synth-pop de Propaganda ont connu leur heure de gloire au milieu des années 1980. On se souvient de leur hit « Duel », puis de « Sorry for Laughing » dans une moindre mesure. De même que de « p.machinery » chanté par Claudia Brücken, qui fût utilisé en jingle d’une célèbre station radio, puis sur la chaîne « La Cinq » en 1985. C’était il y a un bail. L’hexagone découvrait les clips vidéo, le Top of The Pop télévisé, les batteries Simmons et les Yamaha DX7… Nous autres, jeunes garçons dans la vingtaine aimions alors regarder (plus qu’écouter ?) les deux chanteuses de Propaganda, mises en avant par les songwriters de l’ombre Ralf Dörper et Michael Mertens. Quant aux jeunes filles des eighties, elles se coiffaient de la même façon que les charmeuses froides Claudia Brücken et Suzanne Freytag. La hype Propaganda ce fût quelque chose! C’était, il est vrai, l’époque où des garçons coiffeurs en costumes à épaulettes se sont immiscés dans la scène rock. De Frankie Goes to Hollywood à Heaven 17 en passant par Tears for Fears ou Simple Minds que Derek Forbes eut fort heureusement la bonne intuition de quitter juste à temps, on titillait les claviers en surveillant les brushings…Tout ça est loin. Et sonne parfois davantage daté que des courants pourtant plus anciens…Bizarre, bizarre …Mieux vaut- il jouer sur des instruments en bois pour ne jamais passer à la trappe?
Quoi qu’il en soit de ces considérations aussi musicales que temporelles, le duo new wave auteur/ compositeur et fondateur de la machine Propaganda qui sut provoquer un buzz quasi planétaire, est discrètement resté actif. Saisi d’une nouvelle inspiration, Dörper & Mertens ont recruté la vocaliste Thunder Bae. Comme au bon vieux temps, une fille au chant n’est-ce pas mieux que deux types insignifiants? D’autant qu’aujourd’hui les sexagénaires sont un peu épaissis et très grisonnants. Ne pas changer ce qui un jour fonctionna est un signe de sagesse professionnelle. Du moins le pensons nous communément… Les Propaganda ont donc fait ce qu’ils estimaient adapté à leur cause… A première écoute, la trentenaire Thunder Bae fait le job. Pour ce troisième album tardif, elle vient dans un registre vocal peu éloigné de celles qui la précèdèrent derrière un micro chant. On ne confondra pas cet inattendu retour discographique des natifs de la Rhur ( Neu !, Kraftwerk, tout de même) avec les prestations de xPropaganda, formation composée de membres différents, mais également de ceux à l’origine du groupe début 1980 (toujours réunis autour de Dorper & Mertens). Si xPropaganda est un peu le propre cover band de … Propaganda, je gage que cet album le balaiera.
Pas vraiment imaginatifs en matière de titre (ou bien l’estime d’eux mêmes est elle surdimensionnée?) les duetistes Dörper & Mertens, ont intitulé Propaganda cet opus made in Düsseldorf, tombé dans les bacs (comme du ciel?) le 12 octobre après plus de vingt ans de silence. Franchement, je ne m’attendais pas à un tel disque. S’il ne sonne pas vraiment dans l’air du temps – ce n’est pas un défaut en soi – , il flirte néanmoins et assez logiquement avec l’electro, tout renouvellant en partie ce qui fût la signature du groupe. Très vite, il plaira surtout aux nostalgiques d’un style, d’un son qui marquèrent la pop durant une petite dizaine d’années (1985/1995 à quelque chose près). S’arrêtera t- il là?
Le pop/ rock est cyclique. C’est bien connu. Les groupes puisent sans cesse dans les décennies et recyclent. Quelques uns réussissent à bouger les formes et nous offrent pistes et promesses nouvelles. C’est ce qui s’appelle la magie de l’art, le talent de musiciens qui n’exclut pas le travail. Ceci dit, pour revenir à notre sujet du moment, si nous avons droit à un retour de vague synth dont Propaganda seraient les initiateurs, il n’est pas sûr que je surfe sur celle là…
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.