La canadienne Tess Parks s’est exilée à Londres et c’est sur le label Fuzz Club Records qu’elle publie son troisième album solo Pomegranate ( 24/10/24). On le découvre et, à première écoute, l’enregistrement paraît le plus ouvert de la musicienne néo psychédélique, nous ramenant irrésistiblement à l ‘esprit les productions de Beth Orton ou Mazzy Star. Les arrangements sont riches en cordes, flûtes et claviers ce qui donne de l’ampleur aux compositions, faisant de cet opus une réussite musicale dans le genre de prédilection de Tess Parks.
« Koalas », premier single extrait des enregistrements, est mid tempo, suffisamment chaloupé pour qu’on se laisse entraîner sans résister, voire légèrement hypnotiser par le groove, une mélodie et le phrasé de la chanteuse. Les trois paramètres, l’un dans l’autre, rappellent des couleurs et humeurs déjà entendues chez The Brian Jonestown Massacre et Dandy Warhols aux grandes heures des groupes californiens.
Chez Tess Parks, les ciels sont ainsi davantage tintées d’un psychédélisme d’outre Atlantique plutôt que de celui qu’on aima entendre sur des bords de la Tamise au mitan des sixties. L’opus est peut-être moins complexe que ce à quoi on aurait pu s’attendre avec l’installation londonienne – maintenant ancienne – de la chanteuse et guitariste. Mais c’était sans compter avec la prégnance d’Anton Newcombe sur la jeune musicienne, lequel l’accompagna étroitement pour ses deux précédents albums. Se détacher de l’influence tutélaire du maître indé et neo – psyché reste de fait et encore l’enjeu essentiel de la native de Toronto, absolument capable d’un envol en autonomie. Elle y est presque, arrivée dans cette aube où sonnent les notes ambiguës du joueur de flûte…( cf « Crown Shy » et « California’s Dreaming »)
Photo B.Wolman
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.