Pianiste et chanteuse, Hania Rani, née à Gdansk en 1990, fait partie de ce mouvement désigné aujourd’hui sous l’étiquette de « Néo – Classique », mouvance artistique à considérer sans doute comme la nouvelle musique du XXIème siècle. Rien de moins. L’étiquette est large, rassemblant des artistes venus d’horizons différents, académie, pop et électroacoustique, pour offrir un style ouvert qui explore des possibilités créatives dépassant les formats utilisés jusqu’à présent.
Nostalgia, enregistré à Varsovie par Hania Rani en situation live, sort le 27 septembre. Sous sa sobre pochette il fait suite à plusieurs albums remarquables dont quelques uns récompensés par des prix prestigieux, en reconnaissance des qualités de la jeune compositrice polonaise. Pour mémoire Home, son second enregistrement studio, fut consacré « Album de l’année 2020 » en Pologne, en même temps qu’Hania débutait la composition de bandes son dédiées à des productions cinématographiques.
Diplômée de l’académie de piano Frédéric Chopin, la compositrice de trente quatre ans, peut-être insuffisamment connue des amateurs de rock, déclare être à la fois influencée par la musique traditionnelle de son pays natal, la musique islandaise, le jazz ainsi que la musique électronique. Le style est évidemment expérimental et on le rapprochera des œuvres de Yann Tiersen, Agnès Obel, Nils Frahm notamment. Comme son titre le laisse supposer, Nostalgia est un album empreint d’impressions liées aux souvenirs d’une mémoire, celle de l’artiste dans ce cas précis. Le travail de la pianiste les matérialise en objet musical suggestif sans conceptualisme abscons ou hermétisme, bien au contraire. Il faut alors se laisser glisser dans un environnement sonore, accepter d’être surpris. Reconnaître cependant que la ritournelle n’est pas de mise. Ce qu’en son temps fit le rock and roll…
Pour cet album Hania a une nouvelle fois collaboré avec Ziemowit Klimek ( basse et synthétiseur moog), ainsi qu’avec un ensemble de cordes ( violons et violoncelle) très présent. Mixés à Berlin par Greg Freeman (Martinez Brothers, Portico Quartet, Rudimentaire,Jam City…), les titres valorisent un chant éthéré qui flotte sur les cordes et le piano. Le titre « Nostalgia » qui donne son nom à l’album, est une réinterprétation d’un extrait de Ghosts (2023), enregistrée à la RoundHouse de Londres.
La musique du XXIème siècle est en chemin.
https://haniarani.bandcamp.com/album/nostalgia
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.