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Chroniques

Neutrals / New Town Dream

Neutrals, trio basé à Oakland (Californie) fait vivre sa musique en mode DIY via son bandcamp. Soit la marque d’une volonté et d’un tempérament pugnaces. On y entend des perles rares, d’un rock indé tendu, qui trouve ses origines en Angleterre bien plus que sur la Côte Ouest des Etats Unis. En premier lieu, découvrant la musique du groupe, j’ai d’ailleurs pensé aux Buzzcocks, The Jam, Weddies ou aux déjantés TV Personalities, belle brochette indé et british s’il en est. Il est vrai qu’Allan McNaughton, figure centrale de Neutrals, est écossais apprend t-on sur le site du groupe, ce qui certainement lui donne cet humour grinçant et une ironie typique.

Les chansons sont volontiers protestataires et baignent dans un doute et un scepticisme philosophique empreint de pyrrhonisme pré socratique. Le nouvel album de Neutrals s’appelle New Town Dream, axé sur des préoccupations sociétales liées aux modes de vie de la ville moderne, posant davantage de questions que d’affirmations. Le disque s’articule sur treize titres, d’un même état d’esprit, qui décortiquent ainsi ville et utopies urbaines. Les chansons racontent des vies quotidiennes modestes, quelques fois marginales, entre désir légitime d’accéder à un mieux être et contradictions d’une idéologie qui pourrait être bourgeoise mais véhicule des frustrations inhérentes. « Décrivez nous ce qu’est l’américain moyen? » demanda t- on à Bob Dylan au milieu des années 1960, « Je ne connais pas d’américains moyens« , répondit-il…

Musicalement Neutrals ( pas si neutres) traitent leur sujet avec un piquant certain, mêlent dub, électro, guitares folk ou électriques claires et claquantes. Il y a de l’humour dans « Travel Agents Windows », de l’âpreté dans « Wish you Were Here » (histoire d’amour très casse-gueule), des revendications dans « Stop The Bypass » qui dénoncent les mutations sociétales et la gentrification des villes. Le trio post punk n’hésite pas à expérimenter, ce qui nous maintient en éveil à notre place d’auditeurs et aiguise l’intérêt musical. Le chant de Mc Naughton ( qui a quelque chose de Dan Treacy) est souvent complété par celui de Lauren Matsui ( basse et chœurs ) donnant du relief aux voix par l’association masculin /féminin.

Je le redis, on m’aurait présenté le groupe comme anglais, je l’aurais cru sans hésiter tant la tonalité générale des treize nouveaux titres ( mais aussi celle des précédents albums disponibles sur le bandcamp) évoque l’Angleterre. Nous sommes ici à mille lieux du revival psyché californien, par exemple, devenu un poncif de BJTM jusqu’aux ( très agréables) Allah Las. De plus, les clips visibles sur le bandcamp évoquent Wallace et Gromit… C’est tout un univers! Si j’osais, je dirais même que Neutrals sont de l’ère d’une Angleterre thatchérienne… De là à penser qu’ils ne sont peut-être pas tout à fait au bon endroit pour séduire pleinement, ni dans la décennie idoine pour recevoir l’accueil qu’ils méritent? Mais il y a là un pas que je ne franchirai pas.

Actif depuis 2015, le groupe résiste, tourne et se produit. Il s’est de plus créé une signature. Qualité pas si fréquente. A découvrir d’urgence!

Musique | neutrals (bandcamp.com)

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