Rien ne ressemble plus à une goutte d’eau qu’une autre goutte d’eau. Et les mauvaises langues (si si Arnaud, t’es une mauvaise langue!) diront qu’il en est de même pour deux albums de Nada Surf. Même si on ne peut pas nier que depuis l’excellent The proximity effect – une fois la fougue de Popular laissée derrière eux – les trois Nada Surf n’ont pas vraiment cessé d’exploiter leur recette miracle, leurs albums et la pop douce et mélodieuse qu’on y trouve ont toujours le même charme.
Et une fois n’est pas coutûme: Lucky, dans la lignée de ses dignes prédécesseurs, confirme la qualité et la délicatesse du songwriting de Matthew Caws. Cette espèce de savoir-faire incomparable pour trouver des mélodies simples, épurées, réglées comme du papier à musique – qui fonctionnent dès la première écoute sans pour autant subir les outrages des écoutes successives. Depuis 80 Windows, Blonde on blonde, ou Always love, on pourrait s’y être habitué, s’en être lassé même, mais l’innocence et la mélancolie souriante de See these bones nous fait vite retomber dans le panneau. En fait, peu de groupes manient aussi bien la pop-song douce-amère sans tomber dans le piège de la mièvrerie, ou celui du manque navrant de profondeur.
Délivrant album après album une écriture de plus en plus fine, Nada Surf mûrit en prenant son temps, sans oublier de revenir parfois au rock énergique et saturé de leurs débuts (I like what you say, On whose authority), ni d’aller se balader sur des chemins plus folk (Here goes something) ou même d’explorer des terrains plus aventureux (The fox). L’ensemble reste pourtant homogène grâce à la production de John Goodmanson (qui a travaillé avec Death Cab for Cutie, et plus récemment avec Blonde Redhead).
Que dire de plus? Lucky n’a rien d’une révolution, ni d’une réinvention. Il ne convertira pas de nouveaux fans à la cause des américains, et n’explosera pas les records de ventes. En réalité c’est juste un disque parfaitement à l’image de ses créateurs: simple, sincère, discret, intime. Un disque qu’on aime écouter le dimanche matin, la fenêtre ouverte, en prenant le petit déj… Nada surf poursuit son petit bonhomme de chemin sans se poser de question et c’est tant mieux, c’est comme ça qu’on les aime.
En écoute: « See These Bones »
[audio:http://www.cityslang.com/files/See%20These%20Bones.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).