Belle année 2014 pour Metz. Non seulement le club de foot de la ville remonte en Ligue 1 mais musicalement, elle se porte aussi plutôt très bien. Après l’abrasive cold wave francophone de Grand Blanc, avant les frangins spationautes de ASP dont la première partie du concert de Plaid à la Gaité Lyrique nous a foutu sur le cul (et dont nous attendons désormais l’album 2020 de pied ferme), voici le premier EP (en fait sorti en Novembre 2013 en vinyle mais parvenu plus tard à nos oreilles) intitulé Attraction to Light des électromanciens de MWTE (je vous laisse chercher la signification de cet acronyme). Ceux-ci ont été épaulés à la production par un vieux pote de par-ici, Sun Glitters et cette première galette a des faux airs de single puisque composée d’uniquement deux titres (« Attraction to Light » et « Dead and Gone ») mais complétés pour chacun par deux remixes.
Le titre éponyme et d’ouverture du EP, « Attraction to Light » est un instrumental downtempo évoluant entre pulsations répétitives mais délicates et regards vagues reliés entre eux par une mélodie cachant difficilement son potentiel pour remuer les jambes. Une caractéristique qui n’a pas échappé à Herr 2003 : son remix réorganise l’environnement spatial du morceau en dessinant de la profondeur et du relief house pour mieux le faire frôler en vols planés circulaires les pistes de danse. Armagnac choisit lui une approche venue de la fin des années quatre vingt dix: rythmiques accentuées, nappes de synthétiseurs et lourdes lignes de basses pour faire surnager le morceau, le faire vibrer sous des souffles de frissons et ouvrir encore plus grand les portes de l’abstraction. Nous évoquions Grand Blanc dans notre introduction? C’est Camille de ce même groupe que l’on retrouve en invitée vocal sur « Dead and Gone »; souffle pop tranquille, rêveur, gracieux et grave soit une électronica parfaite sur laquelle sa voix apathique et désinvolte s’équilibre dans une cohabitation trouble avec les machines pour un résultat tout à fait humain. Pour le premier remix de « Dead and Gone », Sun Glitters prouve une nouvelle fois sa fascination pour la voix féminine: il en accentue la fragilité, en développe le caractère facilement volatile, la tord pour mettre à l’épreuve son adaptabilité à la rythmique, l’échantillonne pour la déconstruire, la métamorphoser en élément purement musical et se transformer en métaphore de reflets lumineux éphémères devant nos yeux; preuve une fois de plus que le bonhomme mérite décidément bien son nom. Là où Sun Glitters s’essayait à la difficile écriture impressionniste des jeux de lumières opaques, Chapelier Fou vise d’abord le dénuement en introduisant des éléments analogiques dans cet univers électronique. Il repense la mélodie à coups de claviers, de discrets violons et de harpes dans un déséquilibre précaire et poétique. La mélancolie intrinsèque de la chanson n’est plus réinterprétée par les soupirs des machines mais gagne en charnel en se restructurant autour des fêlures d’un squelette d’émotions de plus en plus doucement abandonné par l’écho d’une voix qui n’en finit plus de disparaître.
En offrant leur travail aux potards, mulots et autres instruments de dissection musicale de quatre différents remixeurs, les MWTE ont non seulement exposé le caractère profondément mutant et protéiforme de leurs deux compositions mais en ont aussi dépecé et révélé la richesse de leur identité. Si les bases, l’esprit et le corps sont là, autant réjouissants qu’envoûtants, on aimerait subir l’exercice sur un format plus long, sur des plages plus nombreuses. Heureusement, le deuxième EP est actuellement en cours de production et sera, on l’espère, l’occasion de gratter un peu plus le mystérieux acronyme de MWTE.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.