Avec You Are There, et accessoirement à l’aide de prestations scéniques d’une remarquable intensité (tout le monde s’accorde à le dire), les pionniers japonais du post-rock avaient bien enfoncé leur clou et s’étaient fait une place bien méritée au coté de Mogwai et Explosions In The Sky comme groupe phare de ce mouvement. Le truc, c’est que naturellement avec ce genre de formations « meneuses » le public devient – et c’est bien légitime – autrement plus exigeant. Alors quand on lui resert le même plat encore et encore, au public, il fait comme tout le monde, il tord du nez.
La recette Mono commence à être bien connue. Depuis leur signature chez Temporary Residence, et l’album One Step More And You Die, on a appris à la connaître en long, en large et en travers: morceaux étirés en longs crescendos, intros ultra mélodiques, lignes de guitares jouées en staccato, noyées dans le delay, batterie à fond de roulement sur les toms, basse funambule donnant sa cohésion à l’ensemble… Et le résultat est superbe. Mais si la formule s’est affinée sur les trois premiers disques du groupe, il est devenu difficile de distinguer clairement les titres de ce sixième album de ceux des deux opus qui le précèdent. Finalement peut-être que l’alliance durable des japonais avec Steve Albini (qui dure depuis Walking Cloud And Deep Red Sky) a celà de fâcheux qu’elle a d’une certaine façon formaté la musique du groupe, et a laissé quelque part dans l’ombre l’émotion et la beauté des mélodies qui l’animaient. Car si on ne peut rien reprocher à Hymn To The Immortal Wind en terme d’écriture, ni de son – c’est du pur Mono, à quoi s’attendre d’autre? – on ne peut être que déçu par son cruel manque de surprise et de relief.
Alors oui, j’entend bien, on peut s’autoriser à penser que Mono ne fait des disques que pour renouveler ses setlists (l’album est une fois de plus clairement tourné vers le live) mais rien ne l’empêcherait pour autant d’aller lorgner vers de nouveaux horizons. C’est un peu ce qui les rendait si singuliers au début de leur carrière. Et à l’instar d’un Godspeed You! Black Emperor, qui de façon extrême, certes, a préféré se disloquer plutôt que de tomber dans l’autorépétition, Mono devrait peut-être revoir sa trajectoire et quitter la ligne droite… Sans quoi ils risquent de finir par vraiment nous ennuyer.
En écoute: « Ashes In The Snow »
[audio:http://temporaryresidence.com/mp3s/mono-ashes-in-the-snow.mp3]
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).