Oubliez les guitares hurlantes et la batterie assourdissante. Moins rock que Bijou, plus mature qu’Indochine, la pop aérienne de Mokassin puise son origine dans le monde d’avant.
Avant la crise sanitaire, même si le trio s’est formé durant le premier confinement et avant le grunge et la britpop des années 90 et 2000.
La musique du groupe marseillais est un pont entre deux rives. Un pied dans la décadence maitrisée des Smiths, l’autre dans la finesse poétique d’Étienne Daho.
Les trois hommes du sud, Xavier Mathes (chant et guitares), Olivier Boutry (guitares) et Vinnie Terranova (basse) inspirés par les couchés de soleil et les arpèges sous reverb rarement crunchy ne sont pas vraiment nés de la dernière pluie. Picnic Republic, Mure, Hey Ginger, Ask The Light sont tous des groupes à la renommée phocéenne affirmée parmi lesquels nos Mokassin se sont évertués à prêcher la bonne musique.
Dans ce premier album de 11 titres, la batterie aurait peut-être mérité un meilleur sort mais le traitement réservé aux guitares et aux ambiances nous plonge directement dans la danse. L’alternance de chant en français et en anglais est déroutante, d’autant plus que la première chanson, « Tropique » démontre une aisance particulière avec l’écriture de la langue de Pagnol (pour rester régionaliste!). On aurait aimé poursuivre sur les rimes et les allitérations tout au long de l’album.
Cela n’empêche nullement la réussite de cet album aux accents de Beach Boys proposé par trois garçons dans le mistral et pour qui le vent pourrait souffler dans le bon sens si le monde de la pop décide de porter, enfin, une oreille attentive aux productions marseillaises sans auto-tune.
Amateur et pratiquant de musiques rythmées et de tout ce qui va vite. A ainsi sévi sur ampli Orange et Strat comme sur vélo de course à trois plateaux en côtes et descentes. Rêve de Formule 1 (pas l’hôtel) sur la Riviera. L’adolescent qui sommeille toujours en lui relit souvent des vieux Rock & Folk.