En 2018 , nous avions vu les australiens sur la scène du Supersonic, peu après la sortie de leur premier LP Lost Friends. Les titres fédérateurs du trio mené par Hannah Joy enflammaient alors un public fan de rock indé post 1990 – en nombre encore limité -, mais qui, pensa-t-on, pourrait bientôt croître si le trio de Sidney conservait son élan créatif.
Après un EP intitulé New Song For Old Problems en 2019, vient de sortir ce 19 Mars Today We’re The Greatest, album enregistré à Los Angeles avec des moyens plus conséquents. Dans le détail, douze titres qui gardent, en trois minutes chacun, l’énergie et l’envie caractéristiques de Middle Kids. On retrouve les envolées vocales lyriques d’une chanteuse guitariste toujours séduisante (devenue maman), ainsi que la section rythmique frénétique deTim Fitz (basse) et Harry Day (drums); le jeu de ce dernier pouvant rappeler par son style et son efficacité les séquences de The National. La nouveauté – qui est une différence – tient dans des formes d’orchestrations plus variées qui n’hésitent pas à utiliser claviers, synthétiseurs et cuivres («Questions», «Lost in Los Angeles», «I Don’t Care» aux échos de Porno for Pyros), qui complètent des guitares toujours enlevées. On oscille entre pop empreinte de mélancolie et une volonté de sophistication pour un rock alternatif qui reste, comme avec Lost Friends, dans une forme d’urgence.
Middle Kids ont musicalement mûri et leur créativité, déjà prometteuse, s’est enrichie de belles compétences. Sont-ils aujourd’hui les meilleurs, ainsi qu’ils l’annoncent? Je ne répondrai pas. Il est toutefois probable – si tout va bien – que le Supersonic ne suffira pas pour leur prochaine date parisienne.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.