La lumière n’existe t-elle qu’en regard de son contraire, l’obscurité? Up on Gravity Hill, nouvel album de METZ qui sort le 12 avril, change de ses prédécesseurs, lesquels vous secouaient le corps et l’esprit avec des chansons aussi rageuses que dynamitées par l’énergie du power trio post punk. Au cours des derniers albums parus, on pouvait percevoir un changement dans la musique du groupe canadien. Ce qui arrachait les oreilles de l’auditeur s’est peu à peu ( et plus ou moins) transformé en atmosphères et ambiances, souvent étranges ou sombres. Atlas Vending (2020) constitua, selon moi, la première étape notable de cette mutation d’un son jusqu’alors typique, marque de fabrique du groupe signé chez Sub Pop. L’opus que je découvre est une confirmation de mon ressenti.
Avec Up on Gravity Hill une autre étape est franchie pour la formation punk rock. Le groupe est en mouvement, semble t-il, offrant aujourd’hui un paysage sonore pluriel et morcelé, fragmenté, à la fois de douceur et d’obscurité. Il y a une indéniable profondeur dans ces huit titres pour lesquels les canadiens ont, une nouvelle fois, bénéficié de l’assistance de Seth Manchester en tant qu’ingénieur du son expert. Le disque est éminemment personnel, sinon à part, et sa puissance musicale touche la question du beau dans l’art. Je pèse mes mots puisque le passage est notable, il faut le souligner.
METZ laisse de l’espace dans des chansons qui tiennent de la pop, parce qu’accessibles, mais pas uniquement. Les textes parlent de mort et de vie, tout en favorisant le jaillissement de l’énergie vitale. L’album va crescendo, atteignant son acmé in fine, comme dans un programme dont le chemin tracé devait logiquement aboutir sur un sommet. “Light Your Way Home”, dernier titre, est ainsi époustouflant, enrichi par la présence vocale d’Amber Webber de Black Mountain/ Pink Mountain Top. Le cousinage entre les formations se perçoit ici comme une évidence, et pas uniquement en regard de leur territoire natal.
Ce que nous écoutons est probablement le meilleur album de METZ, sinon du mois dans un certain registre. L’important c’est la rose, pas ses piquants.
Track listing:
- No Reservation / Love Comes Crashing
- Glass Eye
- Entwined (Street Light Buzz)
- 99
- Superior Mirage
- Wound Tight
- Never Still Again
- Light Your Way Home
Up On Gravity Hill | METZ (bandcamp.com)
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.