Aux simples d’esprits, des chroniques dans DarkGlobe! Les handicapés sociaux et autres neuneus existentiels idiots mais sincères et / ou rigolos ont ainsi souvent eu droit à leurs entrées dans les colonnes de notre humble webzine et bien souvent, en conséquence, à notre bienveillante attention. Parfaite illustration de ces autistes musicaux fétiches, le couple de dingos déconneurs et excités new-yorkais de Matt & Kim avait su naturellement trouver la voie express vers notre coeur et nos pieds grâce à des morceaux comme « Daylight », « Lessons Learned » ou « Let’s Go »; remèdes efficaces et décalés à la morosité ambiante avec une électropop ultra catchy, naïve et décomplexée. Décrochant pour l’occasion de leur home studio, ils ont récupéré pour ce nouvel album intitulé New Glow l’ingénieur presque attitré de Kanye West, Andrew Dawson, et Jesse Shatkin qui assista les jumelles canadiennes Tegan and Sara sur l’horriblement putassier Heartthrob.
Et ainsi, dès la première écoute, à part un coup de balai et une nouvelle couche de peinture sur les murs, on se demande si les chansons de Matt & Kim avaient besoin d’une telle équipe de professionnels de la profession: la voix nasillarde de Matt Johnson n’a pas mué, les textures sonores ont toujours l’épaisseur d’une tranche de jambon entre deux chiches pains de mie, les rythmiques hip-hop continuent à se marcher les unes sur les autres et les mélodies caressent en vol plané le plancher de la débilité. Pas la peine de se mentir, c’est bien dans le domaine du plaisir coupable que l’on apprécie Matt & Kim. Mais de la même manière que l’on adore le Nutella, est-il vraiment nécessaire d’en rajouter aussi sur nos coquillettes? La formule est-elle déclinable à l’infini? Malheureusement, sur ce quatrième album, nos héros d’hier se sont armés d’une chaussette pour noyer sous des tonnes de cirage des compositions aussi épaisses que du papier à cigarettes.
Ainsi, si le très couillon « Hoodie On » accroche un sourire sans forcer, « Can You Blame Me » voit déjà l’agacement se profiler à l’horizon. Les tics musicaux cachent difficilement la misère créatrice : « Hey Now » ressemble a la photocopie d’une photocopie sans sel de la recette du groupe tandis que « Killin’ Me » repique sans vergogne la mélodie d’un de leur propre classique « Lessons Learned ». Ce manque d’inspiration va jusqu’à retirer son slip sur le très laid « Make a Mess » dont les gimmicks sonores rappellent un épisode délavé de Benny Hill. Si la face B sauve un peu la mise (« World Is Ending » est ainsi sans doute le morceau le plus consistant de la galette), elle abrite aussi le pire: un vilain et geignard « I See Ya » pour terminer l’album; faussement affecté et juste extrêmement gênant.
Tristement, le duo semble avoir choisi la partie la plus vaine de son identité musicale pour ce nouvel opus. New Glow a des airs de Gym Tonic survitaminé pour hipsters imberbes en phase régressive. Le plaisir y est physique, direct mais creux, et, paradoxalement pire que tout pour ce type de musique, fade.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.