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Disques

Matt and Kim / Lightning

Amis gothiques perdus dans vos trop grands manteaux noirs ou proches accointances dévorées par la monotonie et la grisaille, détournez le regard, cette chronique n’est pas pour vous. Chez Dark Globe, nous prenons soin de nos précieux et, nous devons bien l’avouer, majoritairement souffreteux lecteurs. Ainsi nous essayons, tant bien que mal, de les détourner au maximum des excès d’énergie, de joie, de sautillements excités et agréablement crétins ou de couleurs trop vives. Autant de caractéristiques retrouvées tout naturellement sur le nouvel album de Matt & Kim intitulé Lightning. Déjà un quatrième album pour Kim Schifino et Matt Johnson, le couple le plus excité de Brooklyn dont la perpétuelle félicité impressionne tant qu’en comparaison notre chiche existence de simple quidam fait office d’exhortation au suicide.

Pas la peine d’attendre une révolution franche pour ce nouvel opus toujours enregistré style DIY dans l’appartement des deux tourtereaux. Ainsi, s’ils ont annoncé avoir préféré une production plus dépouillée par rapport à Sideways, leur effort précédent, ce sont toujours les mêmes murs de la maison du bonheur qui se secouent d’excitation sous les envolées de synthés versus drums métronomes, qui résonnent de la voix nasillarde et haut perchée de Matt Johnson et frémissent des vibrations de handclaps et autres ouhouhouh du duo. Mais il s’agit ici d’une allégresse qui tient bien moins d’une délicate et éphémère alchimie amoureuse que d’un afflux d’endorphine après l’effort, d’une expression musicale proche d’un esprit punk à la Ramones dans sa débauche de vitalité directe, sa simplicité et son efficacité.

Après précisément un exquis échauffement, « Let’s Go », tout en trépignements d’impatience et accessoirement premier single de l’album, le sprint se déclenche cash sur un « Now » (avec sa boucle de synthés qui transpire le « Flux » de Bloc Party) aux exhortations de salle de fitness, et progresse avec comme mot d’ordre de ne jamais tourner la tête (nerveux et totalement poppy sous amphètes « Overexposed ») et de reprendre sa respiration (« I Said » ou « I Wonder ») le moins possible pour passer la ligne d’arrivée sur un souffle (« Ten Dollars I Found »). Mais c’est aussi dans son imposante unité stylistique de course à fond les ballons que se joue la difficulté de Lightning à parfois faire ressortir des titres en particulier ; le quasi ensemble de la galette flottant dans une ivresse béate et des gimmicks musicaux souvent extrêmement proches. Pourtant, malgré l’apparente facilité de la formule, la naïveté qui peut sembler feinte voire forcée (autant de suspicions que Matt Johnson dégomme, sourire aux lèvres, avec un cinglant « You think I’m some little phony? ‘Thing is, you don’t fucking know me! » sur l’excité « Much Too Late »), l’album provoque un bien-être contagieux et exalté avec son absence de calcul, sa candeur éclatante, son expression du simple mais extrême plaisir de l’instant présent.

En définitive, Lightning rayonne par sa modestie évidente, son humble et pourtant exceptionnelle capacité à n’être rien de plus que, exemple personnel, un précieux coup de pied au cul du matin et plus largement un déclencheur de sourires. Manque de bol, il révèle aussi avec une même simplicité cette cruelle et jalouse comparaison : la vie de Matt & Kim est toujours indiscutablement plus belle que la notre.

« Overexposed »

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