Ce mois de mars 2011 est décidément vraiment chargé en excellents concerts, et même ce soir il est difficile de faire un choix puisqu’outre l’écurie Maserati, My Own Private Alaska joue également à Lyon et que deux ou trois autres lieux proposent aussi leurs concerts. Après une excellente journée passée au vert et au blanc (les douces joies des RTT) c’est sans hésitation que je prends le chemin du Sonic – heureux hasard, en charmante compagnie puisque la gente mascline qui nous suit habituellement a eu la bonne idée de s’expatrier en République Tchèque – accompagné donc de pas moins de trois demoiselles (et pas mécontent non plus de tordre le cou à l’idée reçue selon laquelle le style de musique qu’on s’apprête à écouter ce soir n’attirerait que des oreilles mâles).
On arrive donc comme prévu (hum) suffisamment tôt pour s’assurer de pouvoir entrer, et bien nous en a pris, car le Sonic sera amené une fois de plus à refuser du monde un peu plus tard (nous sommes vendredi soir, l’album de Maserati a reçu un accueil plus que correct et surtout le prix d’entrée est relativement bas), une fois les cent-quatre-vingt entrées dépassées. Le groupe assurant la première partie, 513, entame donc son set devant un public conséquent, adhérent pour sa majeure partie au noise rock efficace et presque brutal du combo. Je ne connais pas du tout ce groupe, et n’ayant sans doute pas pu m’approcher suffisamment pour apprécier le concert à sa mesure, j’écoute d’une oreille distraite les deux premiers morceaux avant de renoncer pour finir sur le pont du Sonic à bavarder avec de plus ou moins vieilles connaissances, fait qui n’a, je vous l’accorde, strictement aucun intérêt dans ce review.
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Toujours est-il que je ne reproduis pas mon erreur, et c’est donc bien en avance que je décide cette fois d’aller me placer à coté de la scène, alors que l’air y est encore respirable et la température décente – histoire de ne pas manquer une miette du set des Américains. Sage décision car le Sonic est en effet bien rempli et qu’il sera difficile de bouger de notre place une fois le public disposé dans l’espace confiné qui sépare la scène de la régie – et donc, du bar. Plus possible de s’envoyer une petite Grihète dans le gosier non plus sans renoncer définitivement aux premières loges… Peu importe. Mais merde. Quand même.
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Maserati monte sur scène, et si on s’y attendait, cela fait un peu bizarre de retrouver le set-up que le groupe utilisait lors de son dernier passage au Sonic, en avril 2007, batterie au centre – mais sans Jerry Fuchs derrière les fûts. C’est Tony Paterra, batteur de Zombi, avec lequel Maserati a sorti un split l’année dernière, qui remplace Jerry (décédé accidentellement avant la sortie de Pyramid Of The Sun, s’il faut le rappeler). Une petite ambiance de recueillement règne alors que le groupe s’installe, mais la meilleure façon de rendre hommage à Jerry Fuchs c’est encore de jouer les derniers titres qu’il a composés (ceux du dernier album, dont il était l’initiateur pour la plupart) avec l’énergie à laquelle ils aspirent. Et c’est exactement ce que le groupe va faire. Le concert va se dérouler extrêmement vite, sur un fil tendu, les morceaux s’enchaînant avec force et fluidité (« We Got The System To Fight the System », « No More Will They Suffer From Thirst », « Goodbye M’friend, Goodbye »…). Paterra n’a pas l’aisance, la fougue ni l’énergie impressionnante de Fuchs derrière la batterie, son jeu est un peu plus puissant et un peu moins élégant – mais il faut lui accorder qu’il n’a pas volé sa place sur cette tournée, et qu’il parvient tout à fait à se mettre au service des compositions du groupe. Les parties de guitares bourrées de delay, soutenues par les samples et les séquenceurs, secondées par une basse hyper groovy, tous les ingrédients Maserati sont là et Pyramid Of The Sun prend véritablement son sens sur scène, comme on pouvait se l’imaginer. Après un peu plus d’une heure de set, Coley Dennis remercie une dernière fois le public avant que la formation n’envoie un énormissime « Inventions For The New Season », tiré de l’album du même nom, puis ne quitte la scène. Il reviendra pour un titre unique en rappel – surprise puisque Maserati termine ce concert avec une reprise d’un groupe auquel il a maintes et maintes fois été comparé (à juste titre): l’excellent « Run Like Hell » de Pink Floyd. De quoi clore sa prestation sur les meilleures augures : Maserati n’a rien perdu de sa classe. Concert de haut vol qu’il fallait – semble t’il – voir de près pour en saisir toute l’essence et l’énergie.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
DARK GLOBE: Zombi / Escape Velocity
[…] avec son projet solo Majeure, a remplacé le regretté Jerry Fuchs derrière les fûts lors de la dernière tournée du groupe), le duo Synth-Prog Zombi nous revient avec un nouvel album tout feu tout flamme, après […]