Il y a dans la voix de Marissa Nadler quelque chose de profondément mystique. Un corps, une rondeur, quelque chose d’indescriptible. Un mélange de douceur, de beauté et de magie qui inspire à la fois le repos, la plénitude, mais aussi cette mélancolie, cette détresse qui nous prennent littéralement à la gorge.
Dans la folk langoureuse de Songs III: Bird on the Water ou The Saga of Mayflower May, elle avait trouvé un habit des plus seillants, mais rarement une voix s’est vêtue de musique avec autant d’élégance qu’elle le fait sur Little Hells.
Car forte de ses succès passés, Marissa a pu cette fois-ci s’entourer de musiciens issus de sphères plus variées, et donner corps à des compositions qui jusque là se limitaient à ses folk songs – sublimes certes – mais somme toute maintenues au sol par leur minimalisme, et parfois – leur relatif manque d’instrumentation.
C’est donc avec Simone Pace (Batteur de Blonde Redhead), Myles Baer et Dave Scher (entre autres) que la diva a donné naissance à ce somptueux quatrième album. Si l’ambiance générale a gardé de manière incontestable celle de sa folk sombre et dépressive, Nadler s’en va, par moments inspirés et grâce à cette nouvelle formation, lorgner du coté des Cocteau Twins, d’expérimentations sonores (« Heart Paper Lover », « Loner » et leur theremin) en ballades « western » qui pourraient presque sonner pop si le voile de noirceur qui les enveloppe était un peu moins opaque (le très bon « River of Dirt », ou « Mary Come Alive »). Elle offre aussi quelques folk songs dans la pure tradition – le virage se fait en douceur – histoire simplement de ne pas renier ses origines et de rappeler au public conquis que nous sommes d’où elle vient (« Little Hells », « Brittle, Crushed & Tom »).
Mais au delà de toutes considérations sonores, l’album finit toujours par nous rappeler que ce qui plaît chez Marissa Nadler, ce sont surtout ces chansons, leur textes, leurs personnages, leurs histoires. Ces histoires improbables que nous avons tous déjà vécues, dans notre peau ou dans celle de quelqu’un d’autre, et qui finissent par nous hanter comme les fantômes de « Ghosts & Lovers ». Little Hells est un disque plaisant, ennivrant, déconcertant, troublant. Sans hésitation c’est aussi le meilleur de la chanteuse à ce jour.
En écoute: « River of Dirt »
[audio:http://www.spin.com/audio/download/43304/08RiverOfDirt.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
Matt
J’ai la gorge serré, le ventre noué , les larmes prètes à sortir dès que j’écoute cette voix d’ange déchu.