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Disques

Love in Cage / Trans-Reality


Le duo cold-Wave de Rouen Love In Cage revient, après quelques années de silence, avec un troisième album Trans-Reality , sorti fin 2023 chez Meidosem Records.

Entrant dans le vif du sujet, après l’avoir écouté dans son intégralité, ce qui est assez rapide puisque l’opus ne dure que trente petites minutes pour neuf titres, je ressens ce nouvel album comme un triptyque. Une vision tridimensionnelle d’un même visage ou des influences diverses, sous un dénominateur dark, s’enchainent naturellement. Ceci est vrai au moins pour les deux tiers de l’album, comme si le duo avait choisi de ne pas choisir. Et après tout pourquoi choisir puisque cela fonctionne?

L’album s’articule autour de sonorités dark wave/new wave, avec des frappes de drum machine parfois proches de l’EBM, d’un effet plutôt propre, puis on entre dans un univers post punk, vindicatif, revendicatif. La batterie se fait soutenue, la guitare saturée, une grosse ligne de basse sur « Everyone Of Us » évoque (de loin) The Sisters Of Mercy , et le chant est alors plus scandé. D’une manière générale, ce chant et sa tessiture me renvoient par instants vers celui de Simon Hew Jones de And Also The Trees, ou plus récemment vers Hákon Aðalsteinsson ( The Third Sound). Il reste un peu atone, ce qui est souvent habituel dans ce genre musical, puisque nous ne sommes pas ici dans une expressivité pop, bien que cela aurait pu être tenté pour casser un spleen récurrent.

Exclusivement chanté dans la langue de Shakespeare, l’album propose toutefois une exception en français avec « Ma vie numérique », titre qui résonne un peu comme si Lescop (et ce n’est pas désobligeant), avait laissé sa pop de côté pour s’aventurer sur le versant dark. Je le trouve même addictif, ayant sa place sur des dancefloors gothiques.Trans Reality se termine par deux très bons titres, « Californian Desert » et « Somewhere Else » qui sonnent plus rock dans leurs structures, amenant une certaine rupture.

Le trip est annoncé comme Lynchien (David Lynch) ce qui n’est pas faux, et m’intrigua un peu je dois le dire. Je ne peux m’empêcher d’y entendre l’atmosphère que j’aime chez le regretté Roland S. Howard, guitariste de The Birthday Party avec un certain Nick Cave voilà quarante ans, avant de réaliser une œuvre solo avec brio. Atmosphère dépouillée et oppressante, rendue par la voix et les saillies tranchantes de Fender Jaguar. L’idée est bonne parce que ça marche . Et c’est en effet classieux de convoquer ce fantôme là, dirais je au groupe. Serait-ce une bifurcation possible ? Pourquoi pas !

Au final , me semble t il, le son l’emporte. Il nous domine sur cet album des rouennais et on se plonge sans retenue dans leur peinture sonique.

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