Loading...
Live Reports

L’Oscuru + Alconaut / La Salle Gueule (Marseille), 20/01/24

Rue d’Italie, dans le centre de Marseille, entre quartier de La Préfecture et quartier de La Plaine où se regroupent la plupart des lieux de concert phocéens, La Salle Gueule est un club musical associatif de petite taille très actif, bar en rez de chaussée et salle de concert en sous-sol. On y ressent une ambiance alternative et un penchant implicite pour une contre-culture politisée qui plaît à une jeunesse ( présente en nombre) en quête d’utopies incertaines. Les disques Crapoulet y ont leur base, et on y rencontre souvent Olivier patron du label punk et hardcore que nous avions interviewé.

Marc Anton’ Muchielli ( L’Oscuru)

Ce soir de janvier Dark Globe s’y rend en force – rédac chef adjoint et rédacteur venu d’Aiacciu -, pour soutenir en mode live les corses de L’Oscuru et Alconaut , respectivement ajacciens et bastiais qui s’y produisent ce samedi hivernal. L’Oscuru nous les avions découverts fin 2023, remarquant les qualités du quintet post rock, capable d’associer pertinemment chant polyphonique traditionnel (paghjelle) aux sons électriques d’un rock à la fois lourd par ses rythmiques et tempos, mais aussi traversé d’envolées mélodiques remarquables.

Sur scène les ajacciens n’ont pas manqué aux promesses que nous avions pressenties avec André Paldacci ( Vibration, Frequenza Nostra & Dark Globe.fr), le groupe se montrant plus que convainquant. Chez L’Oscuru, dont le leader Marc AntonMuchielli ( auteur- compositeur) chanteur et guitariste rythmique a fait ses classes chez les folk- rockers de Contraversu, la parole militante est présente. Il n’est pas nécessaire de la suivre mot à mot en tant qu’auditeur- spectateur. On y adhère ou pas, ou dans une certaine mesure seulement, car l’essentiel – ne pas le perdre de vue – se trouve ailleurs. Tout particulièrement dans les propositions musicales jouées via de longues pièces musicales de cinq, six ou sept minutes. L’Oscuru interprètent une forme hybride de post-metal/ post-rock mâtiné de shoegaze, qu’on situera entre les réalisations des canadiens de Black Mountain et le travail puissant et subtil des écossais de Mogwai. La comparaison avec ces derniers est une évidence qui représente, je le crois, le gage d’ouvertures possibles pour des musiciens talentueux s’ils savent les saisir. Beaucoup de possibilités s’offrent dans cette musique ouverte de L’Obscuru – encore à travailler, c’est certain – mais qui sont là, dans les mains du quintet. Chant et voix très maîtrisés, guitare solo riche de nuances et batterie lourde comme il se doit, battant des mid-tempos hypnotiques, organisent autant d’ éléments essentiels pour un projet artistique qui se tient fort bien dans sa forme et ses intentions. Il n’est ainsi ni exagéré ni illusoire de dire que L’Oscuru est en route sur une voie originale, renouvelant une tradition folk corse en la mariant à des expériences sonores qui s’enrichiront encore. Une véritable renaissance culturelle et artistique.

L’Oscuru

Les plus capés de la soirée étaient le trio bastiais d’Alconaut. Avec quelques dates sur le continent la formation de stone rock / metal a donné une prestation parfaitement rôdée et réglée. L’image du groupe, si on se réfère aux pochettes de ses disques, évoque des formations progressives comme Yes, Nektar ou encore Hawkwind. Quant à la musique elle associe cette inspiration prog au stoner et au post metal/ black gaze, sans que soit perceptible chez Alconaut des échos de déjà vu.

Alconaut

En live les titres des bastiais développent une rare énergie. Elle prend ses appuis sur une section rythmique plus qu’efficace, avec un bassiste qui ferait pâlir John Entwistle et un batteur au look de Franck Zappa qui ne ménage pas sa peine. La dimension rock stoner, lourde, intense est très présente, pouvait se percevoir comme point commun avec les tempos de L’Oscuru, ce qui offrait une cohérence à la soirée. Elle pourrait par ailleurs cousiner avec celle des TriggerFinger flamands, en version moins sombre toutefois chez les belges menés par Ruben Block, ce qui constituerait sans doute une fenêtre pour le groupe, s’il ne s’enlise pas dans un ometal très fortement présent, évocateur des High on Fire en moins speed et en moins rugueux – ce qui est sans doute mieux si Alconaut ne veut pas figer son propos dans un seul format, je le redis. Car le groupe vaut et peut mieux encore, lui aussi. Les guitares de Georges Agostini sont moins aériennes que chez les ajacciens, mais le guitariste et chanteur a souvent utilisé à bon escient les modulations de la Cry Baby hendrixienne. Un regret, le volume sonore bien trop poussé d’une sonorisation – nous en convînmes du côté de Dark Globe – qui ne servit pas les cap corsins et flingua les nuances présentes de certains titres joués, tels « Dune Cruiser » ou « Icarus Down ». Un peu dommage mais indépendant du groupe lui-même. Une baisse générale de volume aurait sans doute été bienvenue. L’Oscuru , pour leur part, évitèrent cet écueil en début de soirée.

Antoine Joseph Marini (Alconaut)

Les deux groupes corses furent séparés par l’organisation d’une formule plateau à trois, par les vauclusiens de Social Prophecy. La jeune formation joua une musique qui ne pouvait que séduire les amateurs et amatrices d’un metal typique. Lequel ne retint cependant pas mon attention, je le concède.

Georges Agostini ( Alconaut)

Alconaut seront à Montpellier début mars, pour un concert à La Secret Place. L’Oscuru doit produire d’autres enregistrements dont j’attends d’être surpris une nouvelle fois. Advienne ensuite ce qu’il doit advenir de chacun. Vivacité, envie et création sont néanmoins là, signes hautement positifs d’un renouveau.

photos par DarkGlobe.fr/ image mise en avant Georges Agostini ( Alconaut)

One comment
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.