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Disques

Les Lutins Patates de l’Espace / Kill Me When I’m Dead

On te l’a dit et répété des centaines de fois, il ne faut pas se fier aux apparences. Jamais. Même quand tu reçois le premier album d’un duo guitare / batterie grenoblois affublé du ridicule sobriquet Les Lutins Patates de l’Espace. Alors qu’il y a de quoi être déstabilisé tout de même! D’abord parce que tu ne sais pas s’il est ici question de pommes de terre de petite taille, ou bien de personnes intellectuellement limitées au proportions amoindries ; mais surtout parce que si la musique de ces deux lascars est résolument orientée vers le loufoque et joue à fond la carte de l’expérimentation, elle ne se tourne pas pour autant en dérision et évite soigneusement de tomber dans la caricature…

Dès la première écoute, une référence saute à nos oreilles, si rapidement qu’on va vérifier de suite si les LPE (on va les appeler comme çà, tu ne m’en veux pas) ne sont pas un autre des nombreux side-projects de ses membres : mais non, ni Rien, ni Câlin – deux autres ovnis de la scène rock grenobloise qu’on aime assez par ici – ne semblent être liés de près où de loin à notre duo de germes sidéraux miniatures. On arrêtera là les comparaisons foireuses, donc, pour tenter de décrire leur musique : un rock estéthique et subtil, spasmophile, jouant savamment avec les ambiances (« Bobigny ») mais sans jamais en faire trop, balançant l’auditeur d’un plan à l’autre presque au beau milieu d’une mesure, le prenant par surprise, et le transformant en spectateur avide de découvrir de quoi la prochaine seconde va être faite. La richesse de cet album est une absence quasi-totale de repères, de structure (et pourtant!! quelle maîtrise du temps) – au sens logique du terme. A celà vient s’ajouter une belle démonstration de mélodie et de groove, que le duo se refuse sciemment de sacrifier sous mauvais prétexte d’expérimentation, et ça c’est très bien – parce que ça leur évite de tomber dans un piège auquel bien d’autres succombent, et finissent immanquablement par nous servir une bouillie sonore cacophonique dégueulasse. Non, même si ces mots nous viennent à l’esprit, ici on ne parle pas d’improvisation, ni de constructions mathématiques, mais simplement de finesse ; dans Kill Me When I’m Dead, tous les genres se mélangent au milieu d’un patchwork tourbillonnant (difficile là encore de ne pas penser à Rien), à l’image de « Monday Caramel », titre progressif charmant, soft et décalé ; avec « Paulson » (référence au Robert du même nom, et à un film culte si j’en crois les paroles) le groupe fait même preuve d’une certaine poésie, tant musicale que textuelle, jouant avec le pathétique des mots et des expressions avec un désabusement de moins en moins évident alors que le titre défile. Petit plaisir enfin, et qui ne gâche rien à l’affaire, l’artwork de chaque disque est unique (ou presque) puisqu’il vous est demandé à l’achat de choisir six graphismes réalisés par différents artistes pour concocter votre propre pochette.

Voilà une belle leçon dont je prendrais soin de me souvenir désormais, il ne faut jamais se fier aux apparences : parce qu’à la seule exception de son nom (je l’avoue), absolument tout dans ce disque – et chez ce duo – m’a séduit. A ne pas manquer lors de leur passage au Sonic avec Kill The Thrill le 8 avril prochain.

En écoute : « Paulson »
L’album peut s’écouter en intégralité sur le site du groupe

[audio:http://www.patateland.com/audio/killme/05-PAULSON.mp3]
One comment
  1. pmu

    bonjour je vous remercie car je ne connaissais pas du tout du coup je vais essayer de le trouver afin de voir si cela me plait ou non

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