Initié par un groupe de passionnés, le festival LazArtRock se tiendra à Ajaccio au début du mois de juillet. Non inscrit dans la catégorie grosses machines, il fonctionne sur une base associative et a choisi de centrer sa programmation autour de groupes insulaires en demande de scènes nouvelles et d’un public élargi. Les 7 et 8 juillet on entendra ainsi dans le très beau cadre du Théâtre de verdure du Casone, six groupes représentatifs de la scène rock corse et actuelle. Se succèderont durant les deux soirées les Hide (garage-folk), Excelsior ( electro), Panzetta Paradise (garage) puis We See Hawks (indie) dont nous avons chroniqué le premier lp, Too Much Class ( rough pop) et Shangri-la, trio indie qu’on a pu voir depuis quelques années sur de nombreuses scènes hexagonales. Profitant de l’espace privilégié du Casone, le festival propose également une série d’expositions en lien avec l’univers musical et culturel rock. Rencontre et interview avec Gaëlle en charge de la communication.
LazArtRock est un tout jeune festival dans le paysage insulaire corse. L’édition 2023 est la deuxième du nom, est-ce exact? A t-il eu quelques prémices moins officiels?
LazArtRock : Nous avons fait une première édition en 2019, un peu sur un coup de tête, dans un esprit convivial puisque les participants, que ce soient les exposants ou les groupes, faisaient partie de notre cercle amical. Cette édition s’est montée très vite avec peu de moyens, mais cela a été un évènement très fédérateur car tous les participants ont été partie prenante du projet, et au final ça a été une réussite collective.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de mettre en place ce festival? Et comment avez-vous décidé de l’implanter à Aiacciu?
LazArtRock : Le festival est organisé par le groupe de rock Shangri-La qui porte le projet depuis la première édition. C’est un groupe qui tourne en Corse et sur le continent et qui a eu l’occasion de participer à de nombreux festivals en tant qu’artiste. L’ambiance d’un festival est très particulière et ce sont des concerts que le groupe a toujours adoré faire, avec un public très curieux et réceptif. L’idée de créer ce festival est venue un peu naturellement, en se disant qu’il y avait la place pour ce genre de manifestation en Corse. Le LazArtRock est un festival qui sort un peu des sentiers battus en ce sens qu’il mélange des expos d’artistes insulaires et des groupes de rock de la scène régionale corse, qui sont assez peu représentés dans les festivals de l’Ile. C’est le lieu choisi pour la première édition, le Lazaret Ollandini, qui a imposé l’implantation à Ajaccio.
L’idée de créer ce festival est venue un peu naturellement, en se disant qu’il y avait la place pour ce genre de manifestation en Corse.
Il s’agit d’un évènement qui, je suppose, nécessite beaucoup d’investissement. Comment l’équipe s’est-elle organisée?
LazArtRock : Comme tous les festivals, c’est effectivement un investissement à la fois financier et humain. Et sans cet investissement humain, il n’y aurait pas de festival parce que ce sont aussi les organisateurs et les bénévoles qui donnent le ton et qui communiquent leur enthousiasme. Pour le Lazartrock, nous avons la chance d’avoir déjà une structure associative, celle de Shangri-La qui porte le projet. Avec l’association, nous avions déjà des partenariats avec des prestataires techniques par exemple, avec qui nous avons souhaité travailler, mais aussi des membres de l’association qui voulaient s’impliquer dans le festival, et enfin des bénévoles qui ont aimé le concept et se sont proposés. L’organisation s’est faite naturellement en fonction des compétences et disponibilités de chacun, et nous conservons cette idée de collectif car nous faisons systématiquement participer les exposants et artistes à l’évolution du projet, et ils sont libres de nous soumettre des idées et des propositions dans le cadre de cette organisation. C’est un festival qu’on pourrait qualifier de « participatif ».
Votre action est-elle soutenue par les collectivités territoriales? Les pouvoirs publics ou des soutiens privés? Comment avez-vous été accueillis par d’éventuels décideurs et soutiens possibles si vous vous êtes tournés vers eux ?
LazArtRock : La première édition s’est organisée tellement vite que l’association n’a pas eu le temps de solliciter d’aides publiques. Nous avons eu la chance de bénéficier du soutien du propriétaire des lieux, François Ollandini, qui a adoré le projet. Certains partenaires privés nous ont aussi accompagnés et nous ont renouvelé leur confiance pour cette nouvelle édition 2023. Cette année, nous avons également le soutien des services de la ville d’Ajaccio, ce qui nous permet d’organiser le festival dans un nouveau décor, au Casone, le Lazaret n’étant plus disponible pour ce genre d’évènement.
Comment vous situez vous par rapport aux festivals déjà présents dans l’île? Calvi, St Florent, Nuits de la guitare à Patrimonio, Erbalunga, tous en période estivale et qui sont maintenant bien connus du public.
LazArtRock : Nous nous démarquons un peu des autres festivals très connus de l’Ile. D’une part nous mélangeons plusieurs univers artistiques car une grande part est donnée aux artistes exposants à travers un village des exposants, et nous communiquons autant sur eux que sur les groupes invités. D’autre part, nous aimons mettre en avant les talents insulaires car nous avons un vivier culturel très riche en Corse et qui ne demande qu’à être connu. Enfin, notre festival est axé sur le rock, tous les styles de rock et notre ambition est de faire découvrir au public des artistes talentueux mais qui ne bénéficient pas toujours de l’opportunité de se produire sur ce type d’évènement.
La programmation des 7 et 8 juillet au Casone, propose en effet une sélection de six groupes de rock, tous originaires de l’île ou qui y vivent toujours. Le genre est-il vivace en Corse? Le groupe Shangri-La qui donne son nom à l’association est-il un moteur?
LazArtRock : Comme nous l’avons évoqué précédemment, c’est vrai que notre credo c’est le rock, et avant tout insulaire. Il y a une belle scène rock en Corse, oui. De plus en plus d’artistes se font connaître à ce niveau et tentent de s’exporter par manque de scènes locales. Nous leur offrons une visibilité dans leur région, et pour la plupart ce sont des groupes que Shangri-La a déjà croisés sur des évènements communs, ou des connaissances. Le fait que Shangri-La soit à l’origine de ce projet permet aussi aux groupes locaux de venir vers nous pour nous proposer leurs compos, car ce sont des artistes qui font la prog du festival et l’écoute est différente. Cela nous permet de prendre plus de risques en misant sur des artistes pas forcément connus, des groupes émergents, mais qui nous ont plu et qu’on a envie de faire connaître.
Il y a une belle scène rock en Corse, oui. De plus en plus d’artistes se font connaître à ce niveau et tentent de s’exporter par manque de scènes locales
De quelle façon avait été reçue la première édition? La programmation était elle de même style? Espérez vous aujourd’hui une large adhésion d’un public local ou bien, le choix d’une date estivale traduit il l’attente d’un apport de spectateurs lié au tourisme?
LazArtRock : La première édition avait reçu un accueil que l’on n’attendait pas. Nous pensions organiser un événement un peu confidentiel, avec un public « initié », et nous avons eu la très bonne surprise d’avoir beaucoup plus de monde que prévu. Et surtout un public familial, venu passer un bon moment, dans une ambiance plutôt folle et un final avec une scène envahie par les spectateurs. Nous avons eu du local, de l’estival, du jeune, du moins jeune et nous avons compris que ce que nous proposions pouvait séduire le plus grand nombre. La date a été choisie au hasard, c’était la seule date commune disponible pour les groupes qui allaient jouer, nous n’avions pas spécialement misé sur un attrait touristique, mais nous avions besoin de conditions météo favorables. Côté scène, nous avons exploré beaucoup de genres au cours de la soirée et c’est une recette que l’on continue d’appliquer dans notre programmation.
La mise à disposition du Casone qui est un lieu emblématique d’Ajaccio, représente un beau cadre et une opportunité pour les concerts des 7 et 8 juillet. Vous avez également choisi de les accompagner par des expositions. Où se tiendront elles exactement?
LazArtRock : Le Théâtre de verdure du Casone est effectivement un cadre exceptionnel pour notre festival. La surface et la configuration du lieu nous permettent de créer un village des exposants sur la première moitié de la place. Nous allons également y installer des animations et un espace lounge avec DJ et bar à cocktails.
Je suppose que le nom du festival est en lien avec le Lazaret Ollandini où s’était tenue l’édition 2019?
LazArtRock : Tout à fait. Le nom du festival est en fait un mot-valise : Laz pour Lazaret, puis Art et rock qui sont nos deux thématiques., Même si nous avons changé de lieu pour cette édition, nous conservons le nom, ce sera un LazArtRock « hors les murs ».
Par rapport à 2019 vous passez d’une soirée à 2 soirs. Et à contrario du Lazaret le Casone est plus en ville, proche de l’animation. Etes vous confiants? Et sentez vous monter un intérêt chez les habitués des concerts locaux ? L’Aghja qui programme des concerts toute l’année vous soutient il ? La radio Frequenza Nostra ? Comment s’est passé le showcase à la FNAC il y a quelques jours?
LazArtRock: Lorsque l’on organise un festival, que ce soit pour un soir ou deux, on n’est jamais confiant. C’est une prise de risque, car n’importe quoi peut arriver. Ce en quoi nous avons confiance, c’est en la qualité de ce que nous allons proposer, tant au niveau des artistes exposants que des six groupes qui vont se partager la scène. Sur ce point-là, nous n’avons aucun doute. Quant à l’intérêt, nous avons remarqué depuis la crise Covid, que quel que soit l’évènement, le public se décide à la dernière minute. Les choses bougent la dernière semaine, et je crois que c’est un constat partagé par tous les organisateurs de spectacles. Les showcases ou les passages radio comme celui sur Frequenza Nostra qui nous a toujours suivis, montrent que l’intérêt est réel, il existe un public pour notre festival mais comme nous sommes plutôt pragmatiques, nous ferons le bilan le 9 juillet. En attendant, il nous reste beaucoup de travail et c’est là-dessus que nous nous concentrons.
Nous souhaitons évidemment une belle réussite à LazArtRock, et un développement du rock indépendant en Corse. Pensez-vous que votre initiative qui soutient la création en ce domaine, permettra aux groupes de mieux vivre l’insularité? Ou inspirera d’autres lieux et actions?
LazartRock : Merci pour ces vœux de réussite. Comme nous le disions, notre festival est un collectif, et ce serait la réussite de tous les participants. Ce serait surtout un bel évènement pour nos artistes insulaires, et une scène supplémentaire sur laquelle, nous l’espérons, ils pourraient s’appuyer dans les années à venir. Nous sommes cependant conscients que l’insularité reste une préoccupation lorsque l’on veut organiser des tournées et se faire connaître au niveau national ou international. Si notre initiative permet à d’autres projets de ce type de voir le jour en Corse, ce serait évidemment très bénéfique pour la scène insulaire et cela donnerait certainement envie à des jeunes de se lancer dans l’aventure.
Infos et programmation complète sur lazartrock.com
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.