Si on reconnait immédiatement et avec plaisir la voix de Laetitia Sadier, familière aux amateurs de Stereolab, on se rend compte qu’elle est ici moins légère, moins pop, empreinte de gravité. Il est vrai que le sujet de ce titre avec jeu de mots et d’esprit (attristé), extrait du nouveau lp de la chanteuse en solo, Rooting For Love – qui parait en cette fin de semaine de février – est des plus ardus. Musicalement on reste dans le mid tempo et la voix force peu pour séduire, l’envoûtement se fait à distance. Mais il y a, très perceptible, une perte absolue d’insouciance dans ce « Panser L’ Inacceptable », qui en fait tout sauf une pop song distrayante. Il faut l’avoir en conscience et l’accepter , sinon passez votre chemin. La pop française a d’autres représentantes qui vous conviendront mieux.
Panser, soigner. Penser ce à quoi on ne voudrait pas même songer. Se souvenir avec peine. Faut il un jour accepter l’inacceptable ? Voilà bien des questions posées, chantées en quelques minutes d’un format de pop song personnel et poétique. Ces questions ce sont celles d’adultes, non de teenagers, comme autant de preuves de la maturité du style maitrisé par l’artiste hors de tout poncif. Et ce sont des questions de vie. Laetitia Sadier, je n’en doute pas, fait une musique pour grandes personnes. Plus que jamais aujourd’hui. Si vous en connaissez un rayon, déjà, sur « Les choses de la vie » comme aurait dit Claude Sautet, grand cinéaste des gens enthousiastes et terriblement mélancoliques à la fois, ce disque est pour vous. Restez. Autant qu’il sera possible. Une consolation est à saisir, à défaut de tomber sur cette chanson qui vous sauve la vie... Rêve pieux.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.