Une des formations qu’on pourrait qualifier des plus « eclectiques » du moment, les Américains de Kinski (le groupe est originaire de la légendaire Seattle) nous reviennent avec un Down below it’s chaos dans la lignée des précédents opus, et toujours, cet étonnant mélange des genres. Le titre ne pouvait pas être mieux choisi: Post-rock, metal, stoner, noisy, tout passe à la moulinette apocalyptique de Kinski. Et le résultat est unique: un rock experimental, planant et bruitiste, tendu comme le fil d’un rasoir pendant ses quarante-sept minutes…
Sur toute la longueur de ce disque, la musique de Kinski se montre si « vaste » qu’elle en est bien souvent déroutante: tantôt secouant violemment nos oreilles à coup de guitares fuzz, qu’il aurait pu emprunter aux Smashing Pumpkins ou aux Queens of the Stone Age (Punching Goodbye out front), tantôt s’égarant sur des rythmiques Floydiennes ou Zeppeliniennes (Boy, Was I Mad!), tantôt superposant les nappes brumeuses et les couches de delay avant de tout déconstruire (Plan, steal, drive), usant de crescendos et d’artifices progressifs d’un très bon effet, le quatuor ne semble jamais en panne d’inspiration. Il surprend en permanence, là où on ne l’attend pas, cassant ses propres enchaînements, avec la fougue et la fureur d’un Fugazi en pleine cure de vitamine.
Maîtrisant les tempos acérés comme les plus soutenus (le superbe Silent biker type, morceau de clôture de plus de neuf minutes bâti sur une lente montée en apesanteur), Kinski ne se laisse jamais aller à une orchestration trop minutieuse, qui aurait pu rendre l’album indigeste ou pire (?), terriblement ennuyeux. La production reste très brute, et à aucun moment le groupe ne semble en faire trop. Inétiquetable, original, et sincère, Down below it’s chaos est un successeur tout à fait digne d’Alpine Static (2005) et de l’improbable et néanmoins excellent I didn’t mean to interrupt your beautiful moment (2006). Hail Kinski!!!
En écoute: « Boy, Was I Mad »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Kinski_BoyWasIMad.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).