25 mars 2023, 20h30, le Makeda (ex Poste à Galène, Marseille) ouvre ses portes et nous accueille au rythme de « Totally wired » (The Fall) bientôt suivi de « Dance with me » (The Lords of the New Church). J’ai une pensée pour l’ami Pierrot, disparu voici 4 ans presque jour pour jour, et qui aimait bien les Lords, surtout « Russian Roulette » m’avait-il confié. Mais Pierre, fidèle à lui-même, s’éclipse avec élégance, sachant bien qu’il n’est pas le fantôme à l’honneur ce soir. Car cette soirée est dédiée à Daniel « Spatsz » Favre, lui aussi décédé en 2019, acolyte de Mona Soyoc dans Kas Product, groupe post punk qui nous revient sous le nom de Kas Product Reload.
Outre Mona Soyoc (chant, guitare, cymbale), la nouvelle mouture comporte le bassiste Pierre Corneau (Private Jokes, Marc Seberg, Les Nus…) et Thomas Bouetel (Monty Picon, Quetzal Coatlus) aux claviers et autres machines. Cette formation a vu le jour l’an dernier à Rennes en marge des Transmusicales, impulsée par Mona qui tenait à rendre hommage à Spatsz dès novembre 2022 avec la compilation Tribute de 18 titres (dont 4 inédits) puis la tournée que voici.
La (petite) salle est assez bien remplie d’un public plutôt grisonnant et riduleux. Mona connaît bien les lieux, déjà visités en 2012 et 2015. Le concert débute par l’arrivée de Mona, chantant sa fièvre en traversant la salle au beau milieu d’un public vite conquis s’il ne l’était déjà. La setlist est prometteuse, placée juste sous mes yeux : « Fever Lust / Taking Shape / Mind / Countdown / Tina Town / Never Come Back / Man Of Time / Peep Freak / Above / Shine (inédit) / Doors / Take Me Tonight / Contakt (inédit) / Loony-bin / So Young But So Cold / Miracles ».
D’une voix toujours comparable à celle de Siouxie, que le temps a préservé de ses outrages, Mona poursuit le show, féline et la coiffure impeccable du début à la fin du set, souriante et délicieusement provocatrice (ah, ce petit froncement de nez !), amoureuse de son public qui le lui rend bien. Ses comparses ne sont pas non plus avares de sourires et d’aimables plaisanteries pour assurer un spectacle des plus agréables, qui plus est bien servi par la technique son et lumières.
Musicalement, la prestation de Pierre fut – nous n’en doutions pas – à la hauteur de sa réputation (les lignes de sa Sadowsky à 5 cordes étaient bien mises en valeur par la sono), tandis que Thomas se déchaînait derrière son pupitre, penché comme un coureur en plein sprint. Et Mona de prendre la guitare (une belle Trussart SteelPhonic ornée de roses) sur plusieurs morceaux, où malgré son appréhension avouée à demi-mots pour un titre au moins (oui oui, Mona, nous avons tout entendu !), elle a bien assuré.
Voilà ce que vous avez raté si vous n’y étiez pas, mais rassurez-vous, tout a été filmé et la tournée continue. Marseille accueillera à nouveau Mona le 14 avril 2023, avec son duettiste Olivier Mellano pour un concert de Mellano Soyoc (dont je recommande l’opus Alive sorti en mai dernier).
Mon nom est « Personne », en portugais « Pessoa », tel le Lispoète « immobilis in mobili ». Telle devrait être la devise du Nautilus, puisque pour voyager, « il suffit de fermer les yeux » (L. F. Céline). Et ouvrir les oreilles, ce que je fis de prime jeunesse avec les paternels 45 t. des Shadows, suivis du déclic-klang Kraftwerk en 1978, puis vint 1983 : découverte de Joy Division, Marc Seberg… Puissé-je de temps en temps refaire surface ici et vous ouvrir mon carnet de bord.